La durée des retards de paiement a encore reculé au deuxième trimestre et est passée sous les 11 jours, selon la société Altares.
Le pouvoir de sanction donné à Bercy semble notamment avoir des effets.

Bonne nouvelle pour les entreprises françaises : la durée des délais de paiement est en recul sensible. Selon l’analyse publiée ce jeudi par la société Altares, le retard moyen de règlement des factures émises par des fournisseurs se montait au deuxième trimestre à 10,9 jours, en plus des 50 jours contractuels généralement constatés.

« C’est le meilleur chiffre jamais enregistré au cours de ces vingt dernières années », souligne Thierry Millon, directeur des études d’Altares. Au printemps 2015, ce délai atteignait encore 13,5 jours. Depuis, il ne cesse de reculer. Au total, 43,4 % des paiements de facture ont été effectués sans aucun retard par rapport au délai légal, alors que ce chiffre n’était que de 36 % il y a deux ans.

Avec une conjoncture économique qui s’améliore depuis deux ans, il est normal que les délais de paiement se réduisent, mais ce n’est pas la seule explication. « Le point fondamental me semble être la mobilisation de l’ensemble des acteurs économiques, privés et publics, en relais du suivi mis en place par le gouvernement en 2016, l’intensification des contrôles et le pouvoir de sanction donné à la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) de Bercy », explique le responsable d’Altares.

Des entreprises épinglées

Le non-respect des règles légales relatives aux délais de paiement est puni d’une amende administrative d’un montant maximal de 2 millions d’euros pour une personne morale. Les services de Bercy ont épinglé plusieurs grandes entreprises ou leurs filiales ces deux dernières années. Alstom Information Systems, AXA Technology Services, Accor ou encore Pfizer ont, chacun, été condamnés à des amendes de 375.000 euros pour ne pas avoir payé leurs fournisseurs à temps. La peur du gendarme semble donc fonctionner. D’autres mesures ont aussi compté. « L’obligation faite aux grandes entreprises de dématérialiser leurs factures pour pouvoir répondre aux appels d’offres publics et qui s’étend peu à peu jusqu’aux PME et TPE est de nature à fluidifier les échanges, et donc à mieux discipliner les acteurs privés », note Thierry Millon.

Mais il y a trois points à noter. Le premier, c’est que les délais de paiement dépendent beaucoup du secteur d’activité des entreprises. Si, dans le bâtiment, près de 60 % des acteurs, dont beaucoup d’artisans, règlent leurs factures sans retard, dans le transport et la logistique seules 28 % des entreprises règlent rubis sur l’ongle et, dans le secteur de l’information et de la communication, ce chiffre n’est que de 32 %.

Ensuite, dans l’Hexagone, les régions sont les entités qui paient le plus tard leurs fournisseurs. Le délai de paiement des régions atteint presque 19 jours, en plus des 50 jours contractuels. La sphère publique a donc un effort à faire en la matière.

Enfin, la France n’est pas le meilleur élève en Europe. En Allemagne et, surtout, aux Pays-Bas, les retards de règlement sont en général plus faibles qu’en France. Alors que, outre-Rhin, le délai contractuel est seulement de 30 jours, le retard de paiement est inférieur à 6 jours en moyenne.

Source : Les Échos – Guillaume de Calignon