La crise mondiale de 2007 s’est traduite par un assèchement de la liquidité et par l’insolvabilité des banques. Ces dernières, ainsi que les Etats, n’étaient plus en mesure d’honorer leurs engagements et la confiance s’est effondrée. Pour éviter que l’histoire ne se reproduise, le Financial Stability Board (FSB) et le G20 ont rédigé la réglementation Bâle III. Celle-ci oblige notamment les banques à augmenter leurs fonds propres. Quelle en fut la conséquence ? Les banques se sont repliées sur leur activité traditionnelles : le financement des biens immobiliers et du matériel de production.

L’application de la Directive MIFID 2, qui fixe de nouvelles règles de transparence des banquiers vis-à-vis des investisseurs, fait craindre une raréfaction accentuée du crédit. D’autant plus que la portée définitive de MIFID II n’est pas encore bien appréhendée. Lors de la consultations des banquiers du Luxembourg, ces derniers ont lancé cette phrase choc:

« C’est une tâche que même Hercule dans ses bons jours n’oserait entreprendre »
L’Association des banques et banquiers du Luxembourg (ABBL)

Pour les décideurs financiers en entreprise le constat est simple : le financement par les banques s’est réduit.

Le 16 Mars dernier, Fin-Track participait à un atelier de l’Association Française des Trésoriers d’Entreprise. Ce fut l’occasion d’une rencontre avec une quinzaine de trésoriers d’ETI, qui ont émis cette interrogation : dans ce contexte de réduction du crédit venant des banques, quelles sont les sources alternatives de financement pour les entreprises ?

Focus sur les options classiques

ETI et PME possèdent un même interlocuteur concernant les questions financières : son banquier. Le seul avantage de l’ETI est la possibilité de se constituer un « pool bancaire » et donc de mettre en compétition différents établissements bancaires. Toutes lui proposeront cependant des solutions à peu près similaires :

1- Le crédit bancaire
2- Le crédit de campagne (forme dérivée du crédit bancaire, adaptée aux entreprises saisonnières).
3- Le découvert autorisé

Certains dossiers peuvent conduire à des propositions plus techniques :
1 – L’affacturage
2 – La loi Dailly
3 – L’émissions d’obligations

Quelques uns pourraient aussi se voir proposés l’émission d’actions. Tout cela reste cependant assez classique.

Focus sur les options alternatives

La majorité des options alternatives sont proposées par des startups de la finance, appelées Fintechs. Ces dernières saisissent les opportunités du numérique et des nouvelles technologies pour proposer de nouvelles solutions financières.

Mais pourquoi s’adresser à une Fintech plutôt qu’à une banque ?

Premièrement, si on se retrouve dans une des situations suivantes :
– Si l’on veut financer l’immatériel, comme le BFR. Les banques sont aujourd’hui plus frileuses face à de tels dossiers. Pour toutes les raisons développées précédemment.
– Si l’on veut préserver ses lignes de crédit auprès de ses banquiers. Et garder ainsi la possibilité d’un emprunt bancaire ultérieur.

Ensuite, si l’on est sensible aux avantages suivants :
– Procédures simples
– Rapidité d’accès au cash
– Garanties à apporter minimes

Cependant, et c’est à savoir, ces solutions sont également plus chères.

Au sein des nombreuses nouvelles solutions, nous avons choisi de vous présenter les plus adaptées aux financement d’ETI : le financement participatif ainsi que l’affacturage. Si le second ne date pas d’hier, le passage à l’ère numérique a largement contribué à le faire évoluer.

Focus sur le financement participatif

Le financement participatif, crowdfunding (chez les anglo-saxons) ou encore sociofinancement (chez les canadiens) désigne tous les modes de financement qui s’appuient sur l’investissement de particuliers. Il existe 4 sous catégories :

1 – Crowdfunding : financement par le don participatif, avec ou sans contrepartie en nature. Il est très utile pour fournir un premier apport en capital à des startups.

2 – Crowdlending : financement par le prêt participatif, avec contrepartie financière sous forme d’intérêts.

3 – Crowdfunding par émissions obligataires : financement par la vente d’obligations, que les investisseurs peuvent acheter directement sur la plateforme.

4 – Crowdequity : financement par l’émission d’actions. Particulièrement adaptées aux jeunes pousses du numérique et de la tech.

Pour les ETI, les modes de financements participatifs les plus adaptés sont le crowdlending et le crowdfunding par émissions obligataires. Ils sont tous deux particulièrement encadrées par la loi. Les campagnes doivent être menées avec le support d’un expert en Investissement Participatif, lequel s’engage à ne favoriser ni l’investisseur, ni l’entreprise financée.

Focus sur le crowdlending

Particuliers et entreprises prêtent à partir de 10 000 euros et jusqu’à 5 millions d’euros, pour une durée maximale de 7 ans (soit 84 mois)

En numérisant toutes les étapes du processus, les nouveaux acteurs proposent aux sociétés de prêter des fonds à d’autres entreprises. Les investisseurs contribuent à un projet spécifique et reçoivent une rémunération via les intérêts sur l’emprunt. L’avantage de ce fonctionnement 100 % numérique est d’être financé rapidement, de quelques minutes à quelques jours, à des taux fixés en fonction du type de projet. On notera cependant que le coût de l’emprunt participatif est globalement plus élevé que celui d’un emprunt bancaire.

Une campagne de crowdfunding est aussi une campagne de communication

Une spécificité de ce mode de financement est l’obligation de préparer un vrai plan de communication. Ce qui présente à la fois des avantages et des inconvénients.

En amont du financement, il faut mettre sur pied une campagne de communication, présentant l’entreprise et le projet à financer. L’objectif est de fédérer un maximum d’investisseurs. L’avantage est de fournir un support promotionnel supplémentaire pour l’entreprise qui emprunte, et donc une sorte de publicité “gratuite”. L’inconvénient est que ceci exige d’affecter des ressources humaines et du temps. C’est pourquoi la qualité de l’accompagnement est un facteur clé à prendre en considération lors de la sélection de la plateforme de crowdlending.

En aval du financement, et donc une fois les fonds collectés, un travail de reporting est nécessaire. Il faut ainsi communiquer sur l’avancement du projet. Encore une fois, il faudra y allouer du temps.

Le co-financement

Profiter simultanément des avantages du banquier et d’une plateforme de crowdfunding peut s’avérer être un choix judicieux. Un banquier financera facilement des projets d’investissement matériels. Le crowdlending permettra de son côté de financer les dépenses immatérielles ou la trésorerie.

En 2007, la croissance du crowdlending fut de 102%. La solution apparaît de plus en plus adaptée aux ETI.

Focus sur le crowdlending par émissions obligataires

Le crowdfunding par émission obligataire permet de financer son projet via l’émission d’obligations, c’est à dire via l’émission d’un titre financier.

Le crowdfunding par émission obligataire a connu une croissance de 157 % en 2017, soit la progression la plus importante pour une solution de financement participatif

Quels en sont les atouts ? Selon Louise Chopinet, responsable développement entreprise chez Wiseed, la solution offre d’abord des financements rapides. Ils présentent aussi l’avantage de ne pas fermer la porte aux sociétés ayant des fonds propres faibles. A l’inverse d’une banque. Le reporting est également plus faible que pour un financement participatif plus commun. L’inconvénient est un coût plus élevé. Plus rapide et flexible qu’un emprunt classique mais néanmoins plus cher. Il faut donc plutôt considérer le crowdlending par émissions obligataire comme un complément à l’emprunt bancaire.

Focus sur l’affacturage

Une solution transformée par le numérique

Les établissements bancaires le proposent depuis des années et 43000 entreprises en France l’utilisaient en 2017. Le numérique lui a donné un coup de jeune. Si bien que les entreprises recommencent à s’y intéresser. Le principe n’a pas changé : il consiste à céder ses factures clients à une société, appelée factor, laquelle avance le montant de la créance et s’occupe du recouvrement. Des prestations dérivées existent, à l’instar de l’affacturage inversé ou reverse factoring, qui permet à l’inverse de confier au factor ses créances fournisseurs.

Cette solution peut aider à résoudre certains problèmes de trésorerie et de BFR. Le coût reste cependant élevé, et l’arrivée de nouveaux prestataires n’a pas conduit à une baisse des tarifs et commissions. Ce que Arthur de Catheu et Cédric Teissier, les fondateurs de Finexkap, nous confirmaient dans un entretien exclusif.

Des atouts renouvelés

Les pureplayers de l’internet présentent des atouts certains :
1 – Un service disponible 24/7
2- Une flexibilité sur les contrats. On peut notamment céder intégralement ou partiellement ses factures, selon ses besoins.
3- Un traitement rapide et réactif des process et du virement des fonds

Une facilité d’intégration dans les outils métiers

Ces nouveaux factor cherchent désormais à faciliter l’expérience client en s’intégrant dans les logiciels de gestion. C’est notamment le projet de Finexkap, qui a conclu un partenariat avec les logiciels SAGE afin d’offrir la solution ClickandCash. Ne soyez donc pas étonné de la retrouver bientôt dans votre logiciel de gestion.

Conclusion

Ces solutions sont particulièrement pertinentes dans une perspective de co-financement. Vous pouvez ainsi profiter à la fois des avantages des uns (fintechs) et des autres (établissements bancaires classiques). Il semble par ailleurs important de suivre l’avancement des start-ups financières, lesquelles évoluent chaque jour et peuvent offrir des opportunités intéressantes pour votre entreprise. On notera en outre la volonté du gouvernement français de faire de Paris un véritable fer de lance de la Fintech, en inaugurant Swave, un incubateur pour les jeunes pousses de la finance.

Source : Fin-Track – ICI