En France, le crédit aux entreprises a progressé de 4,7 % à fin octobre.
Malgré ces financements, les doutes persistent sur leur manque d’investissement.

Les entreprises ont bien retrouvé la route de leur agence bancaire. a progressé de 4,7 % en octobre (sur un an), à 904 milliards d’euros, selon les chiffres publiés lundi par la Banque de France. Malgré quelques accidents de parcours, les volumes de prêts n’ont fait que progresser depuis mars 2014, à la faveur de la très généreuse politique monétaire de la Banque centrale européenne. Toujours loin du rythme endiablé des années 2005-2008, le moteur du crédit ronronne bien. Est-ce à dire que les entreprises débordent de projets à financer ?

Pas forcément. Depuis la fin 2014, les crédits d’investissement (destinés à financer des projets de moyen-long terme) progressent en réalité plus lentement que le crédit dans son ensemble. Ces crédits à l’investissement ont eux-mêmes légèrement ralenti depuis l’été, passant de +4,3 % en août à +4 % à fin octobre.

Par contraste, la dynamique se trouve surtout du côté des crédits de trésorerie (destinés à financer l’exploitation), qui bondissent de 7,3 % en octobre, après avoir atteint les + 9,1 % au cours de l’été.

Moins de prêts, plus d’épargne

Les doutes sur les investissements sont relayés depuis longtemps : faute de perspective de long terme, les patrons retardent leurs projets, et n’investissent que lorsqu’une dépense est devenue indispensable (remplacement d’un équipement devenu obsolète…).

Mais le mal pourrait être plus profond qu’un simple manque de dynamique, a détaillé la Banque de France début novembre lors d’une conférence. A l’échelle de la zone euro et jusqu’à la crise financière, les entreprises sont des « emprunteurs nets », c’est-à-dire que les montants qu’elles empruntent sont supérieurs aux montants qu’elles épargnent (mesurés en points de PIB). Mais la situation s’inverse à partir de la mi-2009 : faute de visibilité, les entreprises empruntent moins, dépensent moins. Conséquence : elles passent en situation d’ « épargnants nets ». Et la situation ne s’est plus jamais inversée depuis.

« Le FMI estime que l’investissement des entreprises dans la zone euro reste de 10 à 15 % en dessous des niveaux d’avant-crise », a notamment expliqué le gouverneur de la Banque de France lors de cette matinée. Plus grave, les investissements dans la recherche et le développement ou dans les équipements ( « investissements productifs », par opposition aux investissements immobiliers) restent eux aussi insuffisants. « Le taux d’investissement productif a longtemps été inférieur à la période pré-2007 dans la zone euro et reste moins élevé en France qu’en Allemagne de façon persistante », a encore souligné le gouverneur.

Source : Édouard Lederer – Les Échos