Seules 38 % des entreprises françaises paient leur fournisseur sans jour de retard. Les grands groupes sont les moins vertueux.

Le non-respect des délais de paiement reste l’une des principales préoccupations des patrons, notamment ceux qui sont à la tête des PME. Un quart des faillites leur serait imputable. Et la France est particulièrement mal placée si l’on en croit une étude réalisée par Altares, qui doit être présentée ce vendredi à Bercy, à l’occasion de la remise du Prix des délais de paiement, en présence du ministre de l’Economie, Emmanuel Macron. Parmi les « bons » élèves, on trouve l’Allemagne, où 74,8 % des entreprises ont payé leurs fournisseurs sans retard en 2014. Aux Etats-Unis, la proportion baisse, mais concerne toutefois plus d’une entreprise sur deux (54,2 % sans retard). Le chiffre tombe à 38,3 % pour les entreprises françaises. Le Royaume-Uni arrive bon dernier (24,1 %).

En ne tenant compte que des entreprises de taille intermédiaire et des grandes entreprises, la situation se détériore encore pour la France : 91,6 % des ETI et des grands groupes règlent leurs fournisseurs avec un retard pouvant aller de 1 à 30 jours. N’est considéré comme un jour de retard que le dépassement au-delà des 45 jours fin de mois ou des 60 jours calendaires qui sont la règle depuis la loi LME de 2008. En Italie, la proportion reste élevée, à 75 %. En Allemagne, le chiffre baisse, mais sans passer sous la barre des 44 %.

Plus l’entreprise est grande, plus le nombre de jours de retard moyen augmente. Les entreprises qui ont plus de 250 salariés, toujours selon l’étude Altares, cumulent entre 14,9 et 16,5 jours de retard en moyenne, là où les artisans et commerçants de moins de 10 salariés sont à 10,5 jours. Les records sont toutefois atteints par les établissements publics et les collectivités territoriales, qui enregistrent pour ceux qui ont plus de 250 salariés, respectivement 19,5 et 18,8 jours de retard moyen.

Mesures insuffisantes

La situation est la plus dégradée dans le secteur des transports : seul un quart des entreprises (25 %) peut se targuer de ne pas avoir de retard dans le paiement de ses factures. Dans les transports, les deux tiers des sociétés sont dans le rouge. C’est dans la construction, qui connaît pourtant une crise sévère, que les délais sont les moins mal respectés : la moitié des entreprises paie ses fournisseurs sans retard.

Le gouvernement est conscient du problème mais les mesures qui ont été décidées pour y remédier tardent à produire leurs effets. Soit parce qu’il manque des décrets d’application : c’est le cas de celui qui donne aux commissaires aux comptes la mission de superviser le respect des délais de paiement et de signaler à Bercy les « manquements répétés et significatifs ». Soit parce que les pistes envisagées ne conviennent pas aux entreprises : c’est le cas de la facturation électronique que Bercy aimerait généraliser, mais qui rencontre beaucoup d’opposition, non pas tant de la part des PME que des grands groupes. Ces derniers sont paradoxalement les mieux outillés pour la mettre en place, mais aussi ceux qui abusent le plus des retards dans le paiement de leurs factures.

Source : Les Echos – Marie Bellan