Laurent Lemaire, Credit Manager Chez EDF

Laurent Lemaire,
Credit Manager
Chez EDF

1) Pouvez-vous nous dire ce qui vous a conduit vers ce métier ? Quel est votre parcours ?

Mon entreprise avait engagé une démarche d’amélioration de son BFR, depuis 2 à 3 ans. Je m’occupais alors de « sécuriser » le chiffre d’affaires sur les plus grands clients. Autrement dit, garantir que le chiffre d’affaires était correctement comptabilisé, effectivement facturé et évidemment recouvré.
L’évolution vers l’animation d’un réseau de correspondants BFR était à mon sens tout naturel.
Par suite, nous sommes arrivés à la conclusion que les actions visant à réduire le BFR (facturer plus vite et plus fréquemment, réduire les délais de paiement) n’étaient pas suffisantes.
Il a donc été décidé d’y adjoindre la maîtrise du risque dans le cadre d’une politique cohérente, entre scoring interne, analyse financière et assurance-crédit.

2) Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui veut se lancer dans une carrière dans le Credit Management ?

Le métier du credit management est pluriel. On devrait plutôt dire les métiers du credit management. Comme les groupes de travail de l’AFDCC le montrent, les missions du credit manager vont de la prévention du risque aux problématiques du recouvrement amiable et judiciaire. Par ailleurs le métier sera certainement très différent en fonction de la taille de l’entreprise. Il convient donc de se renseigner sur les activités de l’entreprise pour appréhender ses vrais besoins. Pour pouvoir au préalable se former sur les enjeux principaux. L’AFDCC est certainement un lieu privilégié pour obtenir de bonnes réponses. Par ailleurs, ne pas hésiter à consulter des credit managers expérimentés. Il en existe au sein de l’association.

3) Quelles sont, selon vous, les qualités d’un bon Credit Manager ?

D’abord et avant tout du bon sens ! Les techniques sont certainement indispensables mais sans ce bon sens, on ne saura pas quelles sont les priorités.

4) Pouvez-vous nous décrire votre organisation ? (Comment fonctionne votre service, à qui êtes-vous rattaché, combien de personnes travaillent avec vous, quel est votre périmètre d’intervention,…)

Le credit management est rattaché à la direction des opérations. Ses missions sont celles du crédit risk (identifier par le score les sociétés les plus risquées et en fonction demander les garanties) et du conseil et/ou de l’intervention en aval du recouvrement (quand les process automatisés ont échoué ou lorsque les enjeux justifient une intervention à la demande).
Pour mener à bien nos missions, nous disposons d’un certain nombre de prestataires, dont un prestataire en charge d’établir des scores automatiques, un prestataire de recouvrement. L’entité est composée d’une dizaine d’agents.

5) Au cours des dernières années, pouvez-vous nous donner votre ressenti sur l’évolution de cette fonction ?

Au sein de notre entreprise, (est-ce le cas de toutes les grandes ?), la priorité initiale ne portait que sur une amélioration du BFR. Les problématiques de risque (et leurs corollaires : le contrat et les CGV) et celles d’un recouvrement efficace sont des considérations plus récentes.
Je note d’ailleurs que les notions de recouvrement ne sont pas encore des priorités pour toutes les entreprises.

6) Comment pensez-vous que le métier évoluera dans le futur ?

Encore plus d’intégration des différents métiers. Besoin notamment d’analystes, de spécialistes du recouvrement, de juristes …

7) A votre avis, comment le service Credit Management d’une entreprise doit-il se situer par rapport aux autres services (commercial, ADV, trésorerie, service clients,…) ?

Le credit management doit pouvoir faire remonter les dysfonctionnements des différents services.
Il doit donc être le plus indépendant possible de tout ce qui relève des fonctions en relation avec le client, pour éviter les risques de conflits.

8) Dans le cadre de votre fonction, auriez-vous une astuce infaillible à nous faire partager ?

Je ne sais pas si c’est une astuce infaillible mais : pas d’approximation. C’est l’origine de nos erreurs.

9) Avez-vous une anecdote (situation cocasse) rencontrée dans votre vie professionnelle à nous faire partager ?

Ce ne sont peut-être pas des anecdotes, mais plutôt des « idées reçues » parfois amusantes pour le Credit Manager :
1er exemple : Un magasin, cela ne peut faire faillite car les gens rentrent avec un caddie vide et qu’ils en ressortent avec un caddie plein.
2ème exemple : La société ne présente pas de risque car son propriétaire est la personne la plus riche de la commune.
Et enfin : à la suite de la cotation de deux sociétés du même groupe, l’une très bonne et l’autre très mauvaise : Et en prenant la moyenne des deux scores ?
Pour le recouvrement : Pour agir contre un garant, le collègue m’avait fourni un scan d’une garantie financière… considérant que ce document valait original, alors qu’il était contesté.

Merci à Laurent Lemaire, Credit Manager chez EDF, pour cette interview.

Vous souhaitez vous aussi partager votre expérience et répondre à ces questions ?
N’hésitez pas à contacter l’AFDCC : anne-laure.spiguelaire@afdcc.com – 01.40.20.95.74 – www.afdcc.com – Association Française des Credit Managers et Conseils – 14 rue Pergolèse, 75116 Paris