Les députés LREM de la commission des Finances appellent à flécher l’épargne vers les PME.
Les intermédiaires financiers devront présenter leur feuille de route en janvier prochain.

La majorité demande aux intermédiaires financiers de favoriser l’investissement dans les entreprises, notamment les PME. Pour ce faire, les députés de la commission des Finances du groupe La République En marche (LREM) donnent rendez-vous le 22 janvier prochain aux banques, aux assureurs et aux spécialistes de l’épargne tels que les gestionnaires d’actifs et les conseillers en gestion de patrimoine. Ces derniers devront présenter leur feuille de route de promotion des produits favorables au financement des entreprises. Ces acteurs sont même invités à créer de nouveaux supports d’investissement.

Dans un entretien au « Parisien », la députée LREM Amélie de Montchalin , qui coordonne cette initiative, affirme qu’il est possible, en misant sur des produits diversifiés d’une maturité de cinq à dix ans, d’offrir aux épargnants un rendement de 5, voire 10 %. Elle ambitionne ainsi d’injecter de 4 à 5 milliards d’euros dans les entreprises. L’élue n’hésite pas à manier la carotte et le bâton, notamment à l’égard des banques. Celles qui « font des efforts » pourront être mises en avant. En revanche, si des acteurs ne jouent pas le jeu, une « loi coercitive » pourrait être envisagée.

Pourquoi cette mobilisation ? « Il y a un besoin de contreparties à la réforme de l’ISF », explique Amélie de Montchalin aux « Echos ». « Vous ne pouvez pas dire aux gens : on libère cet argent, alors qu’on ne s’est pas donné les moyens pour que les contribuables les plus aisés puissent investir efficacement dans l’économie. »

Les marges de manœuvre sont cependant limitées : la députée précise « qu’il ne doit pas y avoir de nouvelles incitations fiscales en l’état ». En revanche, elle préconise que les intermédiaires « changent de discours sur le risque ».

Serpent de mer

Le fléchage de l’épargne vers les entreprises est un serpent de mer de la politique française. C’est d’ailleurs dans cette idée qu’ont été créés récemment – avec peu de succès – le PEA-PME ou le contrat d’assurance-vie euro-croissance .

D’où la prudence de Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Epargne : « L’idée [de LREM] e st plutôt sympathique et généreuse mais il y a déjà pas mal de produits qui existent et c’est extrêmement difficile de construire un support qui réponde aux besoins de liquidité, de rendement et de sécurité. » D’autant que, comme le prouvent les encours du Livret A , les Français sont très attachés à la sécurité.

Les professionnels voient cependant l’initiative d’un bon oeil. « Nous soutenons cette idée depuis des années », assure David Charlet, à la tête de l’Association nationale des conseils financiers (Anacofi). « Il est intéressant d’associer les distributeurs car il existe déjà des produits d’épargne et il serait bon d’avoir un retour d’expérience », réagit Laure Delahousse à l’Association française de la gestion financière (AFG).

Du côté des assureurs, des discussions ont déjà cours avec le gouvernement, mais ils rappellent que le cadre prudentiel ainsi que les règles relatives au conseil sont défavorables à l’investissement dans les PME, par nature plus risqué que des actions de grandes entreprises cotées ou des emprunts d’Etat.

Source : Solenn Poullennec, Les Échos