Le PIB a plongé de 6 % au premier trimestre 2020, selon une première estimation de la Banque de France, dévoilée ce mercredi matin. Le pire recul depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, après un dernier trimestre 2019 déjà négatif. Certains secteurs, dont la construction et les services marchands, enregistrent des baisses de plus de moitié de leur activité du fait des mesures de confinement.

Ce n’est pour l’heure qu’une estimation. Selon la Banque de France, le PIB de l’Hexagone accusera une chute de 6 % au premier trimestre de cette année du fait de la pandémie de coronavirus Covid-19 . « Il faut remonter au deuxième trimestre 1968, marqué par les événements du mois de mai, pour retrouver une baisse trimestrielle de l’activité du même ordre de grandeur », mais quand même inférieure, détaille-t-elle dans sa note de conjoncture. Le PIB avait alors chuté de 5,3 %, avant de rebondir de 0,8 %.

Que cette chute, la pire jamais enregistrée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, soit dans les faits plus ou moins lourde, cela confirme en tout cas que l’économie française est entrée en récession dès le premier trimestre. Le PIB avait en effet baissé de 0,1 % au cours des trois derniers mois de 2019.

La Banque de France se garde bien de faire, avec ces chiffres, une projection annuelle. Et ne confirme, ni n’infirme les déclarations récentes du ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire qui, devant le Sénat, affirmait que l’on sera « vraisemblablement très au-delà des -2,2 % » , chiffre qui correspond a la première estimation donnée pour l’année 2009. Année qui suivit la crise financière et reste à ce jour la pire performance annuelle connue depuis 1945 avec, en définitive un repli de l’activité de 2,9 %.

Chute des trois quarts de l’activité dans la construction

« Chaque quinzaine de confinement ampute le niveau du PIB annuel de près de 1,5 % », affirme par ailleurs la Banque de France. Celle-ci a tenté d’aller le plus loin possible afin de mesurer l’effet du coronavirus sur les différents secteurs de l’économie, notamment en essayant de calculer l’ampleur de la perte d’activité engendrée par les mesures de confinement. Un calcul qui n’a pas la même précision que les prévisions habituelles de la Banque de France mais, indique-t-elle, « fournit néanmoins un ordre de grandeur utile ».

« Selon cette approche sectorielle, la perte d’activité sur une semaine-type de confinement est estimée à 32 % dans l’ensemble de l’économie », avance la Banque de France, qui dresse un classement des branches d’activité les plus mises à mal. Les pertes d’activité les plus fortes « concernent la construction (avec une baisse à hauteur des trois quarts de l’activité normale) et les secteurs du commerce, transports, hébergement et restauration (à hauteur des deux tiers de l’activité normale) », précise-t-elle.

Perte de moitié de l’activité dans l’industrie manufacturière

L’industrie manufacturière est aussi « substantiellement affectée », avec une perte d’activité « de près de moitié ». Les services marchands s’en sortent un peu mieux, avec une perte d’environ un tiers.

« Si l’on regroupe tous ces secteurs, soit l’industrie manufacturière, la construction et les services marchands non financiers (qui représentent ensemble 55 % du PIB), la perte d’activité représente environ la moitié du niveau normal », précisent les experts de la Banque de France.

Parmi les secteurs les moins sévèrement touchés, on retrouve l’agriculture et l’industrie agroalimentaire, la cokéfaction, le raffinage et la production d’énergie, les services non marchands ou les services financiers et immobiliers.

Source : Les Échos – Claude Fouquet