Crédit aux PME : les promesses des banques françaises

L’Ecureuil entend prêter 13,5 milliards d’euros aux entreprises et collectivités locales en 2014. Par leurs annonces, les établissements cherchent surtout à stimuler la demande de crédit.

C’est presque devenu un passage obligé : un mois après les 10 milliards d’euros engagés par BNP Paribas en faveur des PME, c’est au tour des Caisses d’Epargne de s’adresser aux entreprises . Dans leur poche, une enveloppe de 13,5 milliards d’euros dédiée au financement de l’économie. 

Le groupe Banque Populaire ne s’est pas fixé d’objectifs pour 2014, après avoir, l’année dernière, dépassé haut la main ses ambitions chiffrées. «  Nous avions annoncé fin 2012 viser 7 milliards d’euros de nouveaux crédits pour 2013. Nous en avons finalement octroyé 9,2 milliards. Le message de notre présence est bien passé auprès des dirigeants d’entreprise, il n’y avait pas lieu d’y revenir pour 2014 », souligne Franck Oniga, directeur du marché des professionnels, entreprises et institutionnels pour les Banques Populaires. 

Quant à la Société Générale, elle affiche en 2013 plus de 19 milliards d’euros de production de prêts aux PME et TPE, en recul de près de 3 % par rapport à 2012. Encore novice sur ce segment, La Banque Postale nourrit aussi de grandes ambitions en la matière. 

D’ici à 2020, elle veut doubler son portefeuille de clients professionnels, pour faire grimper ses encours de crédits aux entreprises qui plafonnaient à 1,7 milliard d’euros à fin 2013. Derrière ces chiffres, toutes les banques n’englobent pas le même périmètre d’activité, mais toutes revendiquent leur soutien à l’économie française.

1. Pourquoi les banques communiquent-elles sur ces chiffres ? 

Depuis 2008 et la crainte d’une brutale raréfaction du crédit, les grands établissements bancaires présentent régulièrement leurs objectifs de nouveaux crédits. Il s’agissait alors de répondre à une forte pression politique. L’exercice est aujourd’hui certes de défendre l’image des banques, mais aussi de donner envie aux patrons d’entreprise de solliciter du crédit, alors que certains s’autocensurent dans leur demande.

2. Les entreprises ont-elles besoin de tous ces financements ? 

S’il y a un créneau d’entreprise à travailler pour le crédit bancaire classique, c’est bien celui des PME. A la différence des entreprises de taille intermédiaire, elles n’ont pas accès aux marchés pour se financer et comptent sur leur banquier. Mais le gâteau n’est pas extensible. La demande est atone et les entreprises se concentrent sur les dépenses les plus contraintes. De plus, le marché étant très mature, lorsqu’une banque prête plus, sa concurrente perd des parts de marché.

3. Les banques sont-elles capables de répondre à la demande ? 

La faiblesse de l’activité fait que les banques peuvent prêter aux entreprises sans difficulté et plutôt bon marché. Mais la situation pourrait se tendre en cas de net rebond de l’activité. En effet, depuis la crise financière, les banques doivent placer bien plus de réserves en face des crédits qu’elles octroient. Du coup, certains prennent déjà les devants. « Outre le crédit, notre démarche concerne toute la gamme du financement au sens plus large, avec du crédit-bail ou encore de l’affacturage pour les besoins de court terme », souligne Franck Oniga.

4. Le crédit aux PME se porte-t-il bien en France ? 

Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois. Sur 12 mois, le cumul de nouveaux crédits aux entreprises est quasi nul. Depuis la mi-2011, la baisse de rythme est sensible. Mais il s’agit de la meilleure performance de la zone euro, devant l’Allemagne, et bien sûr les pays dits « périphériques » du sud de l’Europe. Plus spécifiquement, l’encours de crédit aux PME françaises progressait de 0,5 % sur 1 an à fin décembre. 

Cette « moins mauvaise santé » du crédit aux PME en France reflète la situation de l’économie française, qui s’est moins contractée que celle de ses voisins du Sud. En outre, l’activité serait soutenue par la forte présence de banques mutualistes. Pour une banque régionale, il est impossible de couper tout concours à un secteur d’activité omniprésent dans un territoire.

Source : Les Échos – Edouard Lederer