Délais de paiement : qui sont les bons et les mauvais payeurs ?

Si Legrand, Schneider Electric, Dassault Aviation, EADS et Air Liquide entretiennent de bonnes relations clients et respectent les délais de paiement, Vivendi, Nexity, Renault et France Telecom sont bien loin d’être exemplaires dans ces domaines selon le classement établi par la médiation inter-entreprises. 

Pour sortir la France de la crise, beaucoup de responsables politiques, associatifs, d’économistes comptent sur la solidarité. Commentant la victoire de l’équipe de France de football contre l’Ukraine, François Hollande ne s’est pas privé de rappeler ses vertus.

Son gouvernement ne fait pas exception lorsqu’il s’évertue à créer et à dynamiser des filières industrielles, à multiplier les mesures pour bâtir des écosystèmes au sein desquelles toutes les entreprises, les centres de recherche et les banques s’épanouiraient ensemble.

De bonnes intentions

Les grandes entreprises ne sont guère convaincues. Pourtant, elles sont souvent promptes à signer la charte de la Médiation inter-entreprises. Obtenir le Label Relations fournisseurs que la médiation délivre est également un objectif important pour leurs services achats. Elles sont également prêts à adhérer au Pacte PME http://www.pactepme.org/ qui favorise les petites et les grandes entreprises.

Selon l’étude réalisée auprès d’un millier de prestataires par la médiation inter-entreprises et CroissancePlus publiée ce jeudi dans Challenges, un certain nombre de grandes entreprises entretiennent encore des relations extrêmement mauvaises avec leurs clients et continuent de ne pas respecter la loi en matière de délais de paiement. C’est la seconde fois que la médiation décide de citer les mauvais élèves. De son côté, l’association CroissancePlus avait déjà fait savoir qu’elle était favorable, pour cas de force majeure, à la délation. 

Vivendi, Nexity, Renault et France Telecom mauvais payeurs

Qui sont les bons élèves ? Legrand, Schneider Electric, Dassault Aviation, EADS et Air Liquide entretiennent de bonnes relations clients et respectent les délais de paiement. En revanche, Vivendi, Nexity, Renault et France Telecom sont en queue de classement. 

La loi de modernisation de l’économie (LME) votée en 2008 fixe le délai de paiement maximum à 45 jours fin de mois ou 60 jours après émission de la facture. Certes, la LME a permis d’aligner durée des délais de paiement observée en France sur la moyenne européenne, proche de 55 jours selon l’Observatoire des délais de paiement. Mais de nombreux abus sont signalés, particulièrement lorsque la conjoncture se dégrade.

Cette enquête révèle que pour 86% des fournisseurs interrogés, leurs relations avec les grandes entreprises se sont détériorées ou n’ont pas changé. Le second point qui ressort de cette enquête est la dégradation des délais de paiement : 57% estiment que les délais de paiement ont augmenté par rapport à 2012. Ce chiffre est dramatique car la trésorerie des PME est en péril permanent et leur développement est freiné“, note la médiation.

Pierre Pelouzet, le médiateur national insiste ” La qualité des relations entre les entreprises constitue un facteur clé de compétitivité. Les grandes entreprises françaises et les TPE-PME doivent d’urgence conjuguer leurs talents pour espérer voir renaître la croissance. Alors que l’on entre-aperçoit une fragile reprise économique, il est crucial de restaurer la confiance entre les grands groupes et leurs fournisseurs afin que ces derniers n’aient plus peur de voir leurs contrats signés mais non respectés. Les chefs d’entreprise sont le pilier central de la reconquête économique et de la création d’emplois. Les grands comptes participent de façon décisive au redressement de notre pays. En bannissant les politiques court-termistes, en réintroduisant de la confiance dans les relations avec leurs fournisseurs, en leur donnant l’oxygène dont ils ont besoin, ils permettraient d’accroître la performance globale de notre économie“.

 La loi de la jungle

Ces résultats montrent une prise d’otage des PME par les grands groupes. Il faut savoir qu’un jour de retard de paiement c’est un milliard en moins de trésorerie pour les TPE/PME“, regrette Stanislas De Bentzmann, le président de CroissancePlus.

Les grandes entreprises sont-elles les seules coupables ? La plupart des économistes et des experts de la question en conviennent. Toute entreprise, quelle que soit sa taille et surtout lorsque les besoins de trésorerie augmentent, peut être déloyale envers son fournisseur. Le plus faible subit toujours la loi du plus fort. C’est la loi de la jungle.

Source : La Tribune