Source : Les Echos

Selon l’Insee, 23 % des autoentrepreneurs déclarés en 2010 étaient encore en activité cinq ans après. Pour les entreprises classiques, la pérennité sur la même période est beaucoup plus élevée.

Les chiffres publiés par l’Insee mardi permettent de prendre la juste mesure du phénomène de l’autoentrepreneuriat (devenu microentrepreneuriat). Si ce statut, créé en 2009, a bien permis d’augmenter considérablement les chiffres de la création d’entreprises en France : 360.000 autoentrepreneurs se sont immatriculés sur la seule année 2010, soit 80 % des nouvelles entreprises individuelles créées cette année-là… il a des limites.

Le fait de s’immatriculer comme autoentrepreneur étant très simple, beaucoup font la démarche sans forcément se lancer vraiment dans une activité. Ainsi, sur 100 autoentrepreneurs immatriculés au premier semestre 2010, 38 n’ont jamais été actifs et leur radiation a été prononcée, indique l’Insee.

Sur le long terme, la pérennité est fragile : 23 % d’entre eux étaient encore actifs cinq ans après la création de leur entreprise. Or pour les entreprises classiques de la même génération, la pérennité à cinq ans est beaucoup plus élevée, à 60 %, y compris pour les entrepreneurs individuels (50 %).

Ces chiffres montrent que si le projet entrepreneurial est d’envergure dès le départ, le créateur aura plutôt tendance à se tourner vers la création d’entreprise classique. Un bémol doit toutefois être apporté à ce constat : l’étude de l’Insee ne tient pas compte des autoentrepreneurs qui ont quitté le régime dans les cinq premières années de leur activité pour se diriger vers l’entreprise individuelle classique ou vers la création d’une société avec un associé par exemple.

En clair, les 23 % d’autoentrepreneurs toujours actifs après cinq ans ne reflètent pas le taux de survie des autoentrepreneurs, mais plutôt le taux de ceux qui ont toujours une activité et ont choisi de rester sur ce régime simplifié, avantageux fiscalement, mais soumis à des plafonds d’activité que le gouvernement s’apprête justement à relever.

Les jeunes quittent le régime de l’autoentrepreneur plus souvent

La pérennité de l’activité à cinq ans et le fait de rester autoentrepreneur sont variables selon les secteurs d’activité. Dans la santé et l’action sociale, le chiffre est de 46 %, et de 35 % dans l’enseignement. Il tombe à 22 % dans les activités spécialisées, scientifiques et techniques qui sont des activités de service aux entreprises. Un point de différence majeur avec les entreprises individuelles classiques qui, elles, sont davantage pérennes dans ce secteur en particulier (60 %).

La pérennité de l’activité augmente aussi avec l’âge du créateur : 16 % des autoentrepreneurs âgés de moins de 30 ans lors de leur immatriculation en 2010 étaient encore actifs cinq ans après, un chiffre qui s’élève à 31 % pour les plus de 50 ans ou plus. Les plus jeunes entrepreneurs ont, en effet, tendance à démarrer leur activité en autoentrepreneur pour tester la solidité de leur projet, et basculent ensuite en société ou entrepreneur classique si leur activité se développe. L’âge et le secteur d’activité sont des facteurs fortement différenciants en termes de pérennité. En revanche, souligne l’étude, le niveau de diplôme et les moyens financiers engagés n’ont pas d’impact significatif.

Le chiffre d’affaires moyen est aussi un bon indicateur du poids des autoentrepreneurs dans l’économie. En 2014, le CA moyen des autoentrepreneurs était de 10.200 euros, soit 400 euros de moins qu’en 2012. Pour les autoentrepreneurs exerçant en activité principale, il augmente légèrement à 12.800 euros. L’activité la plus rémunératrice est l’hébergement-restauration, avec un chiffre d’affaires de 14.300 euros annuels.

Auteur : MARIE BELLAN