Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, doit annoncer ce mardi de nouvelles mesures de soutien en faveur des entreprises exportatrices. Il s’agit de leur assurer un bon niveau de trésorerie et l’accès à des financements alors que la demande mondiale chute. Bercy craint la concurrence asiatique sur certains marchés.

Bercy étend son filet de sécurité aux exportateurs français pour leur éviter de chuter trop lourdement. Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie et des Finances, doit annoncer ce mardi matin des mesures destinées à soutenir les entreprises hexagonales qui vendent à l’étranger en pleine crise du coronavirus . Le plan, conçu par Jean-Baptiste Lemoyne, le secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, prévoit l’activation de plusieurs outils financiers.

« Il s’agit de permettre aux exportateurs français de passer la crise, de les aider au niveau de leur trésorerie pour qu’ils puissent survivre et maintenir leur présence sur les marchés étrangers », explique-t-on à Bercy. En effet, à court de trésorerie, les entreprises tricolores exportatrices, particulièrement les PME, pourraient avoir comme réflexe d’abandonner le grand large et de se recentrer sur le marché domestique. C’est précisément ce que cherche à éviter le ministère de l’Economie, une partie de la politique d’Emmanuel Macron depuis son arrivée au pouvoir ayant consisté à tenter d’améliorer la compétitivité du pays.

Garanties publiques

Plus en détail, la Banque publique d’investissement (BPI) assurera à hauteur de 90 % les engagements de cautions émis et déclarés par les entreprises et les préfinancements mis en place. L’objectif est de permettre aux établissements financiers de financer les contrats à l’exportation. Sans la garantie publique, ces derniers pourraient y être réticents. Parallèlement, il s’agit d’alléger le besoin en trésorerie des entreprises exportatrices. DOSSIER La France face à la pandémie de coronavirus

De la même façon, l’Etat réassurera, via la BPI, les groupes privés qui assurent les créances à l’exportation de moins de deux ans. L’enveloppe de réassurance est augmentée de 2 milliards d’euros. Là encore, le but est d’inciter les assureurs à continuer à prendre des risques, alors qu’ils vont probablement faire face à une hausse des incidents de paiement à l’international en raison de la dégradation de la conjoncture économique mondiale. L’objectif est aussi de permettre aux PME de bénéficier d’assurance-crédit à l’exportation.

Enfin, les entreprises ayant souscrit une assurance prospection auprès de la BPI verront celle-ci allongée d’une année supplémentaire. Les PME peuvent en effet recevoir une avance de 50 % de leur budget de prospection des marchés étrangers puis rembourser cette avance par la suite. En allongeant la durée de l’assurance, il s’agit de leur éviter d’abandonner des recherches de marchés étrangers.

Crainte de la concurrence asiatique

En fait, au ministère de l’Economie, on craint d’abord une forte chute de la demande adressée à l’Hexagone , avec les mesures de confinement dans toute l’Europe et les Etats-Unis. Celle-ci pourrait se traduire par de grandes difficultés pour beaucoup d’exportateurs français. Le commerce extérieur tricolore demeure fragile. Si le nombre d’entreprises exportatrices est passé de 124.000 en 2016 à 128.400 l’an passé, le déficit commercial se réduit relativement peu. Chaque mois de confinement coûte 2 à 3 points de croissance à la France

En 2019, les exportations françaises de biens vers les autres pays de l’Union européenne, le Royaume-Uni et les Etats-Unis représentaient 70 % des exportations totales, soit environ 340 milliards d’euros. Or les économies des pays développés sont touchées de plein fouet par les mesures prises pour lutter contre l’épidémie. Le PIB de ces régions pourrait chuter de 5 % cette année, ce qui réduira par ricochet, et peut-être davantage, les exportations françaises.

D’autant que la Chine semble sortir des difficultés liées à l’épidémie et entend bien conquérir de nouveaux marchés. « Il ne faudrait pas que certains de nos concurrents profitent de la crise du coronavirus en France et de la paralysie économique qu’elle entraîne, pour prendre la place des entreprises françaises sur les marchés étrangers », dit-on à Bercy

Source : Les Échos – Guillaume de Calignon