Le gouvernement veut faire du financement des PME le coeur de son futur projet de loi sur les entreprises. Une nécessité selon l’exécutif pour éviter qu’elles ne passent sous pavillon étranger.

« Comment éviter que les entreprises françaises passent sous pavillon étranger ? Dans nos terroirs, il y a des PME qui passent le cap des 30 à 50 millions d’euros de chiffre d’affaires et ont du mal à trouver des financements », a déploré vendredi Benjamin Griveaux, le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie, à l’occasion du lancement du nouveau fonds de crédit privé Eiffel de la galaxie de l’homme d’affaires Jacques Veyrat. Faute de trouver les ressources en France, le contrôle de ces acteurs bascule aisément hors de France, a-t-il conclu.

Aussi l’accès au crédit sera-t-il le « premier sujet » du futur projet de loi de Bruno Le Maire en préparation pour les entreprises. « Il nous faut créer un véritable “Mittelstand” à la française », a résumé Benjamin Griveaux, en référence à la richesse du tissu économique des PME en Allemagne. Ce projet de loi, qui s’attaquera aussi à l’export et à la numérisation des petites entreprises, sera lancé au deuxième trimestre 2018 et sera bâti sur un mode public-privé.

« Si nous voulons transformer notre modèle économique, il nous faut des regards extérieurs et changer nos habitudes », a-t-il souligné. Le secrétaire d’Etat a indiqué que des binômes étaient en train d’être constitués entre des parlementaires et des financiers, des chefs d’entreprise ou des entrepreneurs, « qui dans leur parcours ont réussi à lever un obstacle ». Un étage de l’hôtel des ministres leur sera libéré pour conduire leurs auditions, et une « civictech » (start-up innovante sur les nouveaux modes d’engagement citoyen) viendra « challenger » l’équipe de rédaction du projet de loi.

Alliance public-privé

Le fonds crédit, inauguré jeudi en grande pompe chez le fabricant de chemises haut de gamme Alain Figaret – dont le premier ambassadeur est Emmanuel Macron – est un exemple de la réussite de cette alliance public-privé, a souligné Benjamin Griveaux. L’assureur AG2R La Mondiale et la Bred se sont associés à la Banque européenne d’investissement pour apporter 115 millions d’euros sur les 300 millions visés à courte échéance par le fonds.

Celui-ci vise un profil bien particulière d’entreprises. « Tout le monde se bat pour prêter aux mêmes. Nous, nous voulons nous concentrer sur les entreprises qui ont du mal à trouver des financements pour leur projet de croissance », a expliqué Fabrice Dumonteil, le président d’Eiffel Investment Group. Des barrières à l’entrée dont Jacques Veyrat a fait une thèse d’investissement à part entière au sein d’Impala, et qui ont rencontré vendredi un écho gouvernemental.

Source : Les Échos – Anne DRIF