France. Deux entreprises sur trois payent en retard

En retard… Les entreprises françaises sont de plus en plus nombreuses à retarder le paiement des factures. Une mode bien française qui nuit à la confiance générale dans l’économie du pays et s’avère très dangereuse pour la trésorerie des petites entreprises.

Au troisième trimestre 2013, 70 % des entreprises ont payé leurs factures avec retard selon Altares. Si la loi de modernisation de l’économie (LME) votée en 2008 a quelque peu infléchi la culture française du laxisme en matière de paiement, l’Hexagone est toujours en retard de 10 points par rapport à la moyenne européenne. Un chiffre en hausse depuis le début de la crise financière. En 2006, 36 % des entreprises étaient à l’heure contre 30 % aujourd’hui. 

Au plan légal, une entreprise a au maximum 60 jours pour régler une facture, sauf dispositions contractuelles entre client et fournisseur. Et en moyenne, les entreprises françaises sont en retard de plus de 15 jours. Un situation qui joue en défaveur des TPE et des petites et moyennes entreprises. Car moins de 8 % des ETI et moins de 9 % des grandes entreprises payent au moment de la facturation. « On assiste à une dégradation des relations entre les grands donneurs d’ordre et les petites entreprises», constate Thierry Millon responsable des études chez Altares D&B qui met en garde les petites entreprises contre un certain laxisme dans l’émission de leurs factures et dans leurs relations contractuelles avec les grandes entreprises. « Certaines pensent que les efforts sont moins importants qu’avec le secteur public. Or, le respect d’un certain formalisme est indispensable !», s’exclame Thierry Millon. Oublier les conditions générales de service ou de vente dans un contrat qui indique clairement les délais de paiement, suffit parfois à ne pas être réglé. 

Et la spirale est parfois infernale… et rapide. « Une faillite sur quatre est liée à un défaut de paiement », indique le responsable des études d’Altares. Car de plus en plus d’entreprises souffrent du fameux effet ciseaux entre le crédit client et le crédit fournisseur. Elles doivent payer leurs fournisseurs plus vite que les clients les payent. « Elles sont tolérantes avec leurs clients car elles ne veulent pas les perdre…» Et en cas de défaut de trésorerie, un bon bilan ne suffit plus à convaincre les banques. « On évalue à 600 milliards d’euros le montant du crédit inter-entreprises en France», souligne Thierry Millon. Un chiffre à comparer au montant du crédit court terme des banques, celui qui renfloue les trésoreries des entreprises et qui se monte à 150 milliards d’euros. Une situation malsaine qui joue sur la confiance globale dans l’économie du pays.

Qui sont les mauvais payeurs ?

Le délais moyen de retards de paiement approche les 15 jours en France. Dans les services, le transport demeure le secteur où le taux des paiements effectués sans retard est le
plus bas (18 %). L’agroalimentaire fait à peine mieux (22 %). L’industrie manufacturière tente de résister mais 26 % des industriels payent sans retard contre 27 % trois mois plus tôt. 

Au plan régional, certaines régions se démarquent, comme le Limousin ou la Franche-Comté très ponctuelles dans les règlements. Alsace et Lorraine, Haute-Normandie, Nord-Pas-de-Calais et Picardie, Provence-Alpes-Côte- D’azur et Corse sont en revanche plutôt mauvais payeurs. Midi-Pyrénées, Auvergne, Bourgogne, Basse-Normandie, Bretagne et Poitou-Charentes sont les bonnes élèves du paiement des factures.

Source : Le journal des entreprises