Catherine Bize, Credit Manager chez SOPEXA

Catherine Bize, Credit Manager chez SOPEXA

1) Pouvez-vous nous dire ce qui vous a conduit vers ce métier ? Quel est votre parcours ?
J’ai un parcours atypique puisque ma formation initiale est ingénieur en génie chimique ! J’ai doublé avec une formation en finance. Après l’encadrement d’équipes en usine, j’ai dérivé vers le contrôle de gestion (en usine et production puis vers les sièges) pour passer vers la case Audit Interne. Ma formation scientifique m’aide beaucoup : je regarde ce qui entre et ce qui sort et analyse ce qui se passe dans le chaudron et part dans les divers tuyaux. J’ai quasi créé mon poste lors des missions d’audit sur la comptabilité client : après le contrat et la facturation, il fallait encaisser et aujourd’hui, je suis très fière de mes résultats sur le DSO surtout dans un contexte de mondialisation de nos clients.

2) Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui veut se lancer dans une carrière dans le Credit Management ?
Go, go, go ! Ce n’est pas un poste facile, ingrat parfois, frustrant, on se sent seul mais la diversité du poste permet d’aborder le juridique, le commercial, les finances, les relations avec les banques, le contrôle de gestion et la comptabilité. Ce poste permet de devenir expert dans beaucoup de domaines et donc d’ouvrir le champ des compétences. Il nécessite un passage, à mon sens obligé, par une bonne connaissance de la comptabilité client, des bilans, une grande familiarité avec tous les outils office et les ERP ainsi qu’une créativité : savoir changer les mentalités demande des trésors de communication.

3) Quelles sont, selon vous, les qualités d’un bon Credit Manager ?
De la rigueur et régularité dans le suivi, de la patience (les résultats ne sont pas immédiats), pédagogue pour ses collègues et créatif dans sa communication car la notion de cash en France est tabou, être zen car réclamer les paiements est parfois très mal accueilli par quelques-uns, avoir de l’humour. Avoir une fibre commerciale et aimer les challenges.

4) Pouvez-vous nous décrire votre organisation ? (Comment fonctionne votre service, à qui êtes-vous rattaché, combien de personnes travaillent avec vous, quel est votre périmètre d’intervention,…)
Mon chef est le DAF et le PDG est mon N+2. Je suis seule à gérer tout le poste crédit client, de la fiche client aux dossiers contentieux via les contrats, pour toute la société (34 agences dans le monde/ 5 000-6 000 clients). J’interviens dans toutes les réunions commerciales (deux minimum par mois). Je travaille énormément avec la comptabilité client, le juridique et bien sur les équipes commerciales. Je délègue parfois les relances locales à mes collègues responsables administratifs et financiers à l’étranger. Les notions de gestion de priorités et d’organisation ont beaucoup de sens pour moi. En revanche, j’arrive à faire beaucoup de choses car la direction me soutient énormément. Avoir le soutien de ma hiérarchie me facilite beaucoup le travail en interne et est indispensable pour s’épanouir dans ce poste.

5) Au cours des dernières années, pouvez-vous nous donner votre ressenti sur l’évolution de cette fonction ?
La fonction évolue tous les jours ! J’ai évolué d’une mission recouvrement (diminuer les échus) à une mission d’anticipation et donc éviter d’aller chercher les paiements ; ce qui est beaucoup plus intéressant et moins ingrat. En effet, je travaille plus au niveau de la prospection commerciale maintenant donc suis plus sur le stratégique à ce jour que sur l’après-vente ; voire après livraison.

6) Comment pensez-vous que le métier évoluera dans le futur ?
Avec la mondialisation, les échanges, on ne peut plus éviter l’usage d’un credit manager. En effet, il est important de pouvoir vendre ses produits partout dans le monde mais surtout pas la fleur au fusil ! De nombreux clients de Sopexa sont d’origine française et en France, je rencontre beaucoup de sociétés qui ont de très bons résultats mais ont un niveau d’impayés énorme tout simplement parce qu’ils n’ont pas encore réalisé que la trésorerie, cela se manage aussi.

7) A votre avis, comment le service Credit Management d’une entreprise doit-il se situer par rapport aux autres services (commercial, ADV, trésorerie, service clients,…) ?
Ce poste doit être totalement indépendant des services commerciaux et de la comptabilité : on ne peut être juge et partie ! Puisqu’on parle d’argent, le credit manager est soit rattaché au directeur financier ou directement au directeur général. En effet, ce dernier doit pouvoir être rassuré qu’il développe son business dans de bonnes conditions et qu’il pourra payer ses employés et fournisseurs.

8) Dans le cadre de votre fonction, auriez-vous une astuce infaillible à nous faire partager ?
Se mettre au yoga ou à la gym : il faut savoir être souple et ferme à la fois. De plus le credit manager est quand même au service des autres : ils doivent pouvoir commercialiser sans être tenus dans un carcan. Un petit truc de communication qui marche bien en interne : ne pas être payés par nos clients, c’est comme si mes collègues venaient travailler, recevaient leur fiche de paie mais le versement de la paie intervenait un jour….

9) Avez-vous une anecdote (situation cocasse) rencontrée dans votre vie professionnelle à nous faire partager ?
Je n’ai pas vraiment d’anecdote cocasse. Travailler chez Sopexa, c’est travailler dans le domaine agroalimentaire ; domaine qui est le caractère profond des français, l’art de vivre à la Française. J’ai vécu plusieurs années à l’étranger où les français se repèrent : ils parlent repas, vins, convivialité des diners. Tout le temps ! J’ai alors redécouvert ailleurs la qualité de l’agriculture en France : des hommes et des femmes passionnés, amoureux de leur terroir, qui donnent d’eux-mêmes pour produire le meilleur en respectant leurs terres.
La relation avec mes clients est fondée sur ce respect et est très vivante car on parle de terroir, de notre campagne et des superbes régions.
Toutefois, il y’a une histoire drôle : à un auditeur qui me demandait en juin quel niveau de provisions dans le secteur des vins je pensais avoir en décembre, j’ai répondu que je ne pouvais prévoir la météo de l’été. Devant son air surpris et coléreux car il croyait que je me moquais de lui, je lui ai précisé que le risque résidait dans la qualité et la quantité des récoltes : un bon ensoleillement et un printemps agréable permettait de prévoir une belle récolte donc un endettement quasi nul des clients.

Merci à Catherine Bize, Credit Manager chez SOPEXA pour cette interview.

Vous souhaitez vous aussi partager votre expérience et répondre à ces questions ?
N’hésitez pas à contacter l’AFDCC : anne-laure.spiguelaire@afdcc.com – 01.40.20.95.74 – www.afdcc.com – Association Française des Credit Managers et Conseils – 14 rue Pergolèse, 75116 Paris