L’AFDCC est dans la presse

Le risque de contrepartie se réoriente

.

La crise a conduit les entreprises à revoir certaines de leurs pratiques, mais aussi à s’intéresser à des acteurs qu’elles négligeaient jusqu’à présent.

.

.

IMAGEARTICLEPRESSE.jpg

.

Face à un coup dur venu de l’extérieur, les marges de manoeuvre des entreprises se sont réduites. Le « risque de contrepartie » est maintenant au premier rang de leurs inquiétudes : on redoute la défaillance de ses clients, de ses fournisseurs (lire ci-dessous), de sa banque ou plus généralement de tout tiers. Il faut donc anticiper pour éviter le pire ou, s’il arrive malgré tout, pour ne pas y laisser trop de plumes.

Cela passe tout d’abord par une évaluation précise de ses partenaires et notamment de ses clients. Depuis la crise de 2008 et encore plus ces derniers temps, les entreprises sécurisent au maximum leurs transactions. « Elles cherchent à récupérer les informations commerciales et financières les plus ad hoc sur leurs clients, y compris à l’international, afin de déterminer leurs limites de crédit, explique Valérie Collot, présidente de l’Association française des credit managers (AFDCC). D’autres sociétés choisissent l’affacturage ou les assurances crédit. A l’international, cela passe aussi par la mise en place de garanties (“stand by letter of credit”) ou de crédits documentaires et par la prise en compte du risque pays. » Rien de neuf, donc, dans la boîte à outils du « credit manager », si ce n’est que ces instruments « classiques » sont davantage utilisés. « La gestion du poste clients est devenue une priorité au sein des entreprises et on assiste à un renforcement des équipes qui lui sont dédiées. Des sociétés où le risque clients était auparavant géré par un employé de la comptabilité, du commerce ou de l’administration des ventes, ont créé des postes de “credit manager“. »

Un regain d’intérêt pour la profession qui n’est pas pour déplaire à Valérie Collot, qui voit un peu plus de responsables d’entreprise frapper à la porte de l’AFDCC pour suivre des formations. « Le “credit management” a repris des couleurs », confirme Anne-Marie Fournier, vice-présidente de l’Amrae.

.

Les banquiers sous surveillance…

La véritable nouveauté dans le domaine du risque clients concerne le recouvrement des créances, avec un durcissement des politiques. « De nombreuses entreprises relancent désormais avant même l’échéance de la facture et certaines ont également mis en place un outil spécifique pour le recouvrement des factures », constate Valérie Collot, également vice-présidente de la Fédération européenne des associations de credit management (FECMA).

Mais il n’y a pas que de leurs clients que les entreprises se méfient. Depuis la disparition de Lehmann Brothers, elles savent que les banques ne résistent pas toujours. Une préoccupation qui touche essentiellement les grands groupes car certains se sont constitué de vrais matelas de trésorerie, notamment en maîtrisant leurs stocks et en diminuant leurs frais fixes. « Les grandes entreprises européennes totalisaient plus de 500 milliards d’euros de liquidités en septembre 2011, rappelle le président de l’Association française des trésoriers d’entreprise, Philippe Messager. La plupart ont commencé à soigner leurs liquidités après l’éclatement de la bulle Internet, entre autres sous la pression des agences de notation. » Tout cet argent disponible, il faut le placer de manière sûre et, du coup, c’est un peu l’arroseur arrosé : les entreprises sont devenues bien plus vigilantes avec les banques. « Elles font attention à mettre leur cash en totale sécurité. Elles vérifient le montant, la durée, la quantité de leurs placements, de leurs dépôts à terme et regardent de près de quoi sont composées les sicav… », détaille le président de l’AFTE.

.

… et les assureurs aussi

On assiste à la même défiance à l’égard des assureurs. Avec la crise et notamment la tempête traversée par AIG en 2008, un nouveau risque de contrepartie est apparu : les sociétés sont aujourd’hui beaucoup plus regardantes avec leurs assureurs et n’hésitent pas à leur demander des gages de bonne santé. Pour Anne-Marie Fournier, cette « mise sous surveillance » passe avant tout par une recherche d’informations fiables et précises. « On a besoin de savoir si – pour l’activité sur laquelle on travaille avec lui -notre assureur est pérenne sur le long terme. Or ce n’est pas toujours facile d’obtenir des données spécifiques. » Inquiètes, certaines entreprises exigent d’inclure dans leurs contrats des clauses de rupture en cas de dégradation de note. D’autres ont choisi d’élargir leur éventail d’assureurs. « La tendance va en tout cas aboutir à plus de transparence », juge Anne-Marie Fournier.

Source : Les Echos

Dossier : « SPECIAL MANAGEMENT DES RISQUES ».

Ecrit par : Marine DE LA MOISSONNIÈRE