L’encours des crédits aux entreprises a progressé de 5,5 % entre 2017 et 2018. Dans ce contexte exceptionnel, les autorités pourraient forcer les banques à mieux préparer l’avenir.
L’activité économique a eu beau freiner en 2018 , les banques françaises ont gardé le pied sur l’accélérateur en matière de financement. Les crédits distribués aux entreprises ont ainsi augmenté de 5,5 % entre 2017 et 2018, selon les données publiées en fin de semaine dernière par la Banque de France. L’encours des crédits aux entreprises a ainsi franchi la barre symbolique des 1.000 milliards d’euros en décembre (à 1.001,3 milliards)

Tirée par les financements aux PME (+6,2 % sur un an) et touchant la plupart des secteurs économiques, la croissance du crédit aux entreprises reste ainsi au plus haut. Depuis l’été 2017, elle est restée supérieure à 5 % (en rythme annuel). Cette dynamique, qui fait écho , s’explique notamment par une forte concurrence entre banques et par des conditions de financement extrêmement favorables.

Les taux des crédits au plancher
Tirés à la baisse par la politique de soutien à l’économie de la Banque centrale européenne (BCE), les taux des crédits aux entreprises sont au plancher depuis près de deux ans. En décembre, le taux des crédits nouveaux d’un montant inférieur ou égal à 1 million d’euros restait même à un point bas pour le troisième mois d’affilée, à 1,66 %.

La dynamique du crédit aux entreprises intervient alors que les autorités françaises chargées de la stabilité financière ont récemment pris plusieurs mesures incitant les banques à la prudence. Face à l’endettement élevé de grandes certaines sociétés – notamment dans le cas de rachats d’entreprises avec fort effet de levier (LBO) – le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF), rattaché à Bercy, a décidé en 2017 de limiter les expositions des grandes banques à ces sociétés.

Les autorités sur le qui-vive
L’été dernier, le même HCSF a exigé des banques qu’elles mettent plus de fonds propres en face de leurs crédits en constituant un dit coussin de fonds propres contracyclique . L’idée est de contraindre les banques à constituer des réserves « aux beaux jours ». De cette façon, elles seraient moins tentées de fermer le robinet du crédit en cas de coup de mou économique. Cette décision avait été mal accueillie par les banques.

La Banque de France avait pourtant assuré qu’elle ne freinerait pas la production de crédit. L’histoire semble pour le moment lui donner raison, tant le crédit reste dynamique.

Dans ce contexte, les autorités pourraient aller encore plus loin et revoir à la hausse le niveau du coussin contracylique, aujourd’hui fixé à 0,25 % (des actifs pondérés par les risques sur les expositions françaises). Le HCSF est prêt à agir dans ce sens « dès que nécessaire », a d’ailleurs affirmé en janvier dernier le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau.

Solenn Poullennec

Source : Les Echos