Les retards de paiement, premier sujet de conflits entre entreprises
L’an dernier, 1.903 saisines ont été prises en charge par les services du médiateur des entreprises, selon le bilan annuel publié ce mercredi. Le secteur de la construction a représenté 20 % des médiations en 2024
La crise du Covid a été un accélérateur. Depuis, la médiation en entreprise est devenue une pratique plus courante. L’an dernier, 1.903 saisines ont été prises en charge par les services de Bercy, un chiffre certes en repli de 2 % par rapport à 2023, mais nettement plus élevé qu’avant la pandémie.
« Depuis le Covid, on est monté d’un cran. L’esprit de responsabilité a gagné les chefs d’entreprise », a résumé Pierre Pelouzet, le médiateur des entreprises, en présentant son bilan 2024. La crise sanitaire, puis la flambée des prix des matières premières et de l’énergie et l’inflation ont entraîné des tensions dans une conjoncture compliquée.
Des différends avec les opérateurs télécoms ou d’énergie
L’an dernier, les délais de paiement sont restés la première source de conflit entre les entreprises. Alors que les retards sont remontés à 13, voire 14 jours, selon Pierre Pelouzet contre 10 jours en 2019, ils ont représenté 41 % des cas traités.
Le médiateur a aussi vu affluer les demandes de règlement de différends avec les opérateurs d’énergie, que ce soit pour renégocier un contrat conclu au moment où les prix étaient au plus haut ou pour un litige sur les paiements. Ce type d’arbitrages a représenté 10 % des saisines, presque autant que les litiges avec les opérateurs télécoms. Les dossiers liés à la commande publique ont, quant à eux, constitué 16,3 % des dossiers traités comme en 2023.
Comme toujours les petites entreprises de moins de 25 salariés restent les premières à se tourner vers les services de Bercy, mais les saisines des entreprises individuelles grimpent.
La construction, 20 % des médiations
Par domaine d’activité, ce sont les services qui ont le plus sollicité le médiateur (41 % des saisines) devant l’industrie (18 %). Suivent le service public et le commerce (16 %). A elle seule, la construction a représenté 20 % des médiations. Entre 2019 et 2024, les saisines des entreprises du secteur se sont envolées de 74 %, reflet des difficultés qui se sont abattues sur cette activité ces dernières années.
Avec la perspective d’une économie de guerre et d’un accroissement des dépenses militaires, un nouveau chantier s’invite dans l’agenda du médiateur. Alors qu’une note du Trésor met en évidence la fragilité financière de la filière de la défense, Pierre Pelouzet va entamer un travail avec toute la chaîne. « Il va y avoir beaucoup d’investissements. Cela va demander de la trésorerie », explique-t-il. A la demande des pouvoirs publics, il va notamment s’assurer que les délais de paiement des grands donneurs d’ordre ne dérapent pas.
Source : Nathalie Silbert