Les économies émergentes devraient enregistrer une croissance supérieure à 4 % en 2019. Une reprise est attendue au Brésil, alors que le Vietnam est en embuscade dans la guerre entre la Chine et les Etats-Unis.

Les clignotants sont repassés au vert pour les économies émergentes. Du moins pour les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) dont les performances s’échelonnent en 2018 entre 0,8 % pour l’Afrique du sud et 7,3 % pour l’Inde.

Le Brésil, qui se contente d’un petit + 1,4 %, fait figure de favori pour une nette relance en 2019. Passée son investiture, le 1er janvier, l e nouveau président Jair Bolsonaro qui bénéficie de la confiance des milieux d’affaires va devoir rapidement pousser des réformes pour relancer notamment la consommation et l’investissement. Il va tout autant devoir clarifier sa politique vis-à-vis de la Chine, premier partenaire du Brésil. Que Bolsonaro abandonne ses propos anti-chinois tenus pendant la campagne, et il prendrait le risque de gripper sa relation avec Trump mais sauvegarde ses intérêts.

Les BRICS, un attelage hétéroclite

Parmi les BRICS, le Brésil se trouve, en termes de progression de PIB, juste en dessous de la Russie (+1,7 % en 2018, +1,8 % prévus en 2019), bien loin derrière la Chine (+6,6 % puis +6,2 %). Pour l’année qui démarre, les regards inquiets se tournent plutôt vers la Turquie qui s’enfonce dans la récession . Après deux trimestres négatifs en 2018, Moody’s prédit une chute du PIB de 2 % en 2019, et Citigroup de 3,3 %. Cela, alors que le pays bénéficiait encore l’an dernier de l’une des plus fortes croissances parmi les grands pays du monde (+7,4 %). L’Iran, compte tenu des sanctions américaines va également être placé sous observation. Tout comme l’Argentine.

A ce stade de l’année, et bien sûr en dehors de tout imprévu, les spécialistes se montrent globalement confiants pour les émergents en 2019 avec, en général, des prévisions de croissance légèrement supérieures à 4 %, le FMI se montrant particulièrement optimiste à +4,7 %.

Le Vietnam en embuscade

Dans la guerre que se livrent les Etats-Unis et la Chine, le Vietnam est clairement en embuscade : « Il devrait capter une partie de la part de marché que la Chine détient dans les industries fortement consommatrices de main-d’oeuvre », écrit Trinh Nguyen analyste de Natixis. Le pays fort d’une main-d’oeuvre de 57,5 millions de personnes fabrique toutes sortes de produits allant de la chaussure aux smartphones et offre des niveaux de salaires mensuels moyens de 216 dollars, inférieurs de moitié environ à ceux servis en Chine. Ce qui ne laisse pas indifférents les industriels à l’image de Honhai (Foxconn), le taïwanais qui est un sous-traitant d’Apple, et qui détient de nombreuses lignes d’assemblages en Chine (Sud et Sichuan). Il envisage ainsi de relocaliser une partie de ses activités au Vietnam, selon Vu Tien Loc, président de la chambre de commerce vietnamienne qui fait état de contacts entre les représentants de la firme et les autorités.

L’effet des Routes de la soie

Outre leur dynamique propre, les pays en développement et émergents bénéficient aussi de l’impact des Routes de la soie de la Chine . « La Belt and Road Initiative (BRI) renforce l’intégration sud-sud », écrit l’OCDE dans un rapport consacré aux économies émergentes. Sa réalisation suppose de mobiliser entre 1.000 et 8.000 milliards de dollars. Forte aujourd’hui de 87 pays, Belt and Road Initiative devrait, à terme, englober 60 % de la population mondiale et couvrir plus de 50 % des échanges commerciaux.

La banque asiatique de développement estime que, pour la seule région qu’elle couvre, les besoins en infrastructures sont de 26.000 milliards de dollars à injecter au cours de la période 2016-2030. Ce vaste plan chinois, poursuit l’Organisation, interconnecte les grandes régions du monde et instaure une coopération à long terme. Pour la Chine, il s’agit d’un projet aux implications économiques et politiques, tempère le rapport. En toile de fond, rappelle l’OCDE, ce plan permet aux autorités de Pékin de s’ériger en leader d’un monde multipolaire dans lequel évolueront des pays qui auront largement bénéficié des aides chinoises. Il s’agit notamment du Pakistan avec le corridor économique , du Vietnam, du Sri Lanka, du Cambodge ainsi que de bon nombre de pays d’Afrique de l’est.

Source : Michel De Grandi – Les Échos