2019 : soulagement
2020 : continuité, redressement ?
Pour la France, malgré les incertitudes et accidents, l’année s’achève correctement d’un point de vue économique et financier y compris pour les Credit Managers avec la baisse du nombre des défaillances (52 000 en 2019 mais cf analyse de l’évolution par Altares). À l’instar du secteur bancaire, globalement, une grande partie des provisions effectuées pour 2019 n’ont pas été consommées. Même un dossier comme Casino, emblématique des difficultés que connaît le secteur de la Distribution, semble devoir trouver une solution au moins temporairement.
Mais il ne faut pas s’y tromper, la France aussi pourrait bien rejoindre la tendance mondiale, prévue par Euler Hermès pour l’année 2020 soit une augmentation de 6 % des défaillances d’entreprises après déjà 9 % de hausse en 2019. Entre autres facteurs citons :
- Le ralentissement de la croissance induisant une baisse de chiffres d’affaires et des résultats opérationnels négatifs ainsi que la diminution des cash-flow.
- L’augmentation de l’endettement financier des entreprises : on sait qu’un des effets pervers des taux bas ou négatifs (cf notre article sur ce sujet) leur ont permis d’emprunter aussi auprès des banques pour compenser une baisse d’affaires.
- Une contraction du crédit bancaire : une hausse des taux pour les « mauvais risques » (5,80 %pour Casino en dépit de vastes programmes de cessions d’actifs) permet aux banques de compenser en partie la chute inquiétante de leur marge.
- Des reports de dettes fiscales et sociales.
Si ces « béquilles » sont retirées, on peut en redouter les effets en termes de défaillances et de tensions inéluctables sur les délais de paiement sachant que le retard moyen connaît un palier à 11 jours et que le crédit interentreprises s’élève à 627 Md€.
Absorbés de plus en plus par les tâches de recouvrement (cf l’enquête Hays), que peuvent faire les CM pour anticiper les incertitudes et la montée des risques ?
Voilà quelques enjeux pour le CM abordés en partie dans ce numéro :
- Numériser-automatiser le maximum de process (appels d’échéances, relances, règlements, ouvertures de comptes, etc.) de données et de documents (cf interview d’Infogreffe) et de techniques telles que de nouveaux modes de financement (affacturage, reverse-factoring…) ou de sécurisation de chiffre d’affaires (assurance-crédit), de lutte contre la fraude (en 2019, 59 % des Directions ont mis en place des procédures pour éviter les arnaques aux faux fournisseurs).
- Agir dès le 1er impayé (à partir de 30 jours de retard, le risque de défaillance est 6 fois plus élevé).
- Compenser la confidentialité des comptes (bien utiles pourtant pour appréhender l’évolution de l’endettement bancaire) par le recours massif aux scores « augmentés » et donc plus prédictifs (cf aussi le Score Afdcc sur Infogreffe). Tous les principaux fournisseurs ont développé des analyses du comportement-payeur permettant de savoir comment on est payé et comment les autres sont payés (cf les interventions d’Altares et de Creditsafe dans ce numéro).
- Mettre en place des automatismes intelligents pour fixer et faire évoluer des limites de crédits.
- Motiver et responsabiliser nos AGR en favorisant un travail toujours plus collaboratif (dixit Laura Delmas) notamment avec l’Administration des Ventes, en mettant à leur disposition des outils modernes et adaptés à leurs tâches et capables d’intégrer, centraliser et présenter au format ad hoc les données comptables « on line ». Dans la foulée de la présentation de l’outil proposé par Beic-Urios (cf notre compte rendu), l’AFDCC initiera une formule de présentation « croisée » de solutions pour vous permettre de préselectionner ou choisir l’outil qui conviendra le mieux à vos attentes.
- Cela peut même se concilier à la « Finance verte » si l’on en croit un article qui conduit à imaginer un outil construit principalement autour de la messagerie pour peu qu’elle soit capable de gérer envois et réceptions de courriels intégrés dans une fiche-client centralisée, historisée et partagée.
Ces enjeux et d’autres constitueront également la trame des actions, formations, groupes de travail proposés cette année encore par votre Association dont les Journées-Événements seront les temps forts.
Entre autres, les 7èmes Assises des délais de paiement, coorganisées avec la Figec, sous l’égide du ministère de l’Économie et des Finances, de la présidente de l’Observatoire des délais de paiement et du Médiateur des entreprises coïncideront également avec le 50ème anniversaire de notre Association que nous fêterons dignement en novembre prochain !
En attendant, bon courage à tous !
Jérémie Yao
Rédacteur en Chef de Fonction Crédit