Quand le bâtiment va, tout va ?

Ce vieil adage est-il toujours exact et le secteur de la construction est-il toujours en 2012 un marqueur de la santé d’un pays ? Telle est la réflexion que suscite le thème de la conférence de presse organisée à Paris le 21 Juin 2012 par Euler Hermes SFAC, le numéro 1 mondial de l’assurance-crédit et leader du recouvrement commercial.

Le secteur de la construction est lié à la croissance et contribue à l’alimenter

Il existe une similitude troublante entre le graphe qui représente l’évolution du PIB mondial et celui qui représente la croissance du secteur de la construction. On pourrait donc penser qu’il existe un lien entre la croissance de la richesse mondiale et le développement du secteur de la construction ! A défaut de pouvoir le prouver, il convient de considérer qu’il y a de fortes présomptions d’inter actions.

La construction est au service de la croissance : elle représente 19% des investissements aux USA, 30% en Europe, 27% en France, 26% en chine ; elle représente aussi 2% du PIB des USA, 7% en Europe, 6% en France, 9% en chine ; elle représente enfin 3% des emplois aux USA, 10%en Europe, 4% en France, 10% en Chine. On peut ainsi constater que le bâtiment est source d’investissements, qu’il créé de la richesse et des emplois.

Mais il génère les dérives habituelles qui sont les cancers de nos économies modernes

Mais il faut prendre en compte  la spéculation, l’un des défauts majeur des économies libérales. En effet celle-ci a conduit à l’apparition de bulles spéculatives dans l’immobilier qui polluent le fonctionnement normal de l’offre et de la demande. Il faut ajouter à cela la légèreté de certains établissements financiers dans leur course au développement qui n’ont pas hésité à accorder trop facilement des financements aux emprunteurs alors que leurs capacités de remboursement n’étaient pas établies. A titre d’exemple le poids des dettes hypothécaires par rapport au PIB est significatif : Il est de 15% en Chine, 41% en France, 46.5% en Allemagne, 64% en Espagne, 76.5%aux USA et 85% au Royaume Uni. Ces dettes portées par les établissements financiers représentent un risque considérable (même si celui-ci est garanti par… l’immobilier lui-même !).

Faut-il alors que les Etats continuent d’inciter au développement de la construction si ce n’est pour alourdir encore le risque des banques ? A moins que les Etats s’endettent à nouveau pour relancer la construction ? L’endettement des états par rapport au PIB est lui aussi significatif : Chine 26%, France 86%, Allemagne 82%, Espagne 68%, USA 103%, Royaume Uni 83%.

Le secteur de la construction peut par lui-même créer de la croissance

Le secteur de la construction peut-il  se suffire à lui-même sans compter avec les plans de relance des états ? Pour 2012 voici l’évolution prévue des indices d’activité en volume : Chine +8.9%, France +0.2%, Allemagne +0.7%, Espagne -4.5%, USA +1.8%, Royaume Uni +0.4%

Faut-il lier l’évolution de ce secteur à l’évolution de la population en 2012 ? Chine + 6 millions d’habitants, France + 317000, Allemagne – 23000, Espagne + 324000, USA + 3 millions, Royaume Uni + 509000 habitants

Faut-il le lier au taux d’urbanisation (en 2011, taux d’urbanisation en pourcentage de la population totale) ? Chine 49.2%, France 85.2%, Allemagne 73.8%, Espagne 77.3%, USA 82.1%, Royaume Uni 79.5%

Faut-il le lier au niveau du PIB par habitant et à son taux de croissance ? (PIB en USD par habitant) Chine PIB 3344 taux +7.3%, France PIB 36735 taux -1.2%, Allemagne PIB 37105 taux +0.2%, Espagne PIB 24494 taux -1.9%, USA PIB 42781 taux +0.8%, Royaume Uni PIB 37291 taux -0.5%

Il est vrai que la construction dans un pays riche (PIB par habitant élevé) où la démographie progresse n’a pas de raison majeure de ne pas progresser …et par là même devenir le moteur de la croissance!

A moins que ce ne soient les prix qui soient un frein ? Voici la différence entre le taux de croissance des revenus et des prix des logements depuis 2000 : Chine +4.3%, France -3.1%, Allemagne + 3.6%, Espagne -2.2%, USA +1.1% Royaume Uni -2.8%

On voit bien que l’augmentation des revenus en France ne couvre pas l’augmentation du prix des logements.

Alors, faut-il chercher dans l’innovation les clés du succès ?

Il y a des opportunités nouvelles dans ce secteur avec l’arrivée des normes environnementales d’économie d’énergie et de réduction d’émission de CO2. Les constructions devront bientôt être réalisées HQE (Haute Qualité Environnementale) et BBC (Bâtiments basses consommation). 80% des constructions actuelles ne correspondent plus aux nouvelles normes !

Même si les mises en chantier ont chuté de 12.9% au 1er trimestre 2012, il y a encore quelques belles perspectives dans ce secteur en France grâce à la rénovation.  Toutefois, il faut parvenir à faire baisser le coût des constructions car la mise aux nouvelles normes génèrent un surcoût d’environ 10 à 15%. Les entreprises doivent gagner considérablement en compétitivité, les filières de distribution des matériaux doivent être plus légères et le prix des matières premières doit encore être réduit… ! Mais tout ceci est un autre débat et de nouvelles pistes de réflexion à explorer s’ouvrent devant nous.