Une nouvelle salve de TLTRO doit aider les banques à se refinancer à faible coût. Et ainsi leur permettre de continuer à octroyer des crédits à des conditions favorables.
La Banque centrale européenne (BCE) est une nouvelle fois venue à la rescousse des banques de la zone euro pour atteindre ses objectifs de politique monétaire. Après deux salves en 2014 et 2016, l’institution francfortoise a annoncé jeudi une nouvelle vague de prêts géants aux taux imbattables (TLTRO 3) à destination des banques afin de préserver les conditions de crédit favorables dans la zone euro.

Face au ralentissement, la BCE prend les devants
Un tel soutien était très discuté et attendu par les marchés alors que les établissements financiers risquent une prochaine dégradation de leurs conditions de refinancement, avec l’arrivée à échéance d’anciens prêts bon marché TLTRO en 2020.
Resserrement monétaire
Sans cette nouvelle vague de prêts, qui sera lancée entre septembre 2019 et mars 2021, les banques de la zone euro auraient dû chercher une nouvelle source de financement assurément plus chère… et proposer potentiellement, en conséquence, des conditions de crédits moins favorables aux ménages et entreprises. Un resserrement monétaire dont la BCE, qui cherche à stimuler l’activité et l’inflation en zone euro, ne veut absolument pas.
Les banques n’ont cependant pas profité en Bourse de l’annonce cette nouvelle facilité de financement: les valeurs bancaires ont nettement reculé jeudi (-5% pour Deutsche Bank, -3% pour Crédit Agricole). Elles n’ont guère apprécié que le conseil des gouverneurs de la BCE ait repoussé à la fin 2019 la perspective d’une éventuelle première hausse des taux. Ces derniers, fixés à des niveaux bas historiques, rognent leurs marges.

Sous perfusion
«Le secteur bancaire est sous perfusion de la BCE », commente Christopher Dembik, responsable macro-économie chez Saxo Bank, qui évoque une dichotomie au sein de la zone euro avec des conditions monétaires qui se dégradent actuellement dans le sud de l’Europe et notamment en Italie. L’atonie de la croissance contribue à peser sur le coût de financement des banques et donc sur les conditions des nouveaux prêts qui y sont moins favorables.
« Le secteur bancaire italien compte encore des poches de fragilités, notamment chez ses petites et moyennes banques qui n’auraient pas réussi à se refinancer sans la BCE », explique Christopher Dembik.
La BCE doit communiquer ultérieurement les détails de cette nouvelle vague de prêts géants. L’échéance de ces nouveaux crédits, fixée à deux ans, est cependant deux fois moins longue que la dernière opération -TLTRO 2-, et donc moins avantageuse.

Journaliste : PAULINE HOUEDE

Source : Les Echos