EXCLUSIF Selon nos informations, le groupe français est l’objet d’une approche de son homologue chinois Sino Guarantee. L’acteur asiatique s’est manifesté auprès de Natixis, le principal actionnaire de la Coface.

Les manoeuvres reprennent autour de la Coface. De sources concordantes, l’assureur-crédit français a fait l’objet d’une approche de la part d’un homologue chinois, Sino Guarantee (China United SME Guarantee corporation), considéré comme le premier garant financier sur le continent de la République populaire. Le groupe, qui revendique plus de 10 milliards d’euros de lignes de crédit garanties, s’intéresse à l’expertise des risques de la Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur fondée en 1946. Selon plusieurs sources, il s’est manifesté auprès de Natixis, le principal actionnaire de la Coface à hauteur de 41,24 % du capital, pour s’inviter au tour de table de l’assureur-crédit. Interrogée, la filiale de BPCE n’a pas souhaité faire de commentaire, de même que la Coface.

Nouvelle route de la soie

Le garant financier chinois, qui bénéfice d’un support quasi public et dont le premier actionnaire est le conglomérat HNA (avec Baosteel, the Export-Import Bank of China, ainsi que des investisseurs étrangers tels que JP Morgan et Siemens), nourrit des ambitions stratégiques. Le groupe, souligne Moody’s dans sa dernière note sur Sino Guarantee, veut « diversifier ses risques en saisissant de nouvelles opportunités de croissance, notamment dans l’assurance-crédit à l’international ». Sino Guarantee désire soutenir les financements transfrontaliers qui émergent de la nouvelle route de la soie (One Belt One road), le réseau ferré et de routes de plus de 13.000 km qui reliera Pékin et l’Europe pour faciliter les exportations chinoises. Le leader international Coface, qui sécurise 50.000 entreprises et dont les 660 arbitres et analystes crédit prennent 10.000 décisions d’arbitrage par jour aux quatre coins du globe, est, à ce titre, un partenaire idéal.

La volonté d’expansion internationale de Sino Guarantee tient en partie aux tensions sur son marché domestique. Comme les autres assureurs-crédit en Chine, Sino Guarantee est de plus en plus sollicité pour sécuriser les transactions, souligne Moody’s, car les banques resserrent les vannes du financement. Or les taux de défaut risquent de croître avec le ralentissement économique. Jeune (la société a été créée en 2012), et en croissance forte, Sino Guarantee n’a pas d’expérience éprouvée en cas de retournement de cycle, note l’agence. A la différence de la Coface.

Moment opportun

L’acteur chinois ne vient pas les mains vides et a un argument persuasif pour Paris : si les PME françaises ont du mal à percer le marché chinois à la différence de leurs concurrentes allemandes, dit-il, c’est qu’elles n’ont pas autant accès à l’assurance-crédit. Allié à la Coface, le groupe chinois pourrait accélérer leur entrée, et aider à rééquilibrer la balance commerciale entre les deux pays. La Coface conforterait ses parts de marché en Chine, où elle intervient depuis seize ans, et qui est l’un de ses dix premiers pays en termes de créances garanties.

Sino Guarantee a saisi le moment opportun. En janvier, la Coface est devenue une cible accessible aux investisseurs étrangers : son activité sensible et historique, liée aux garanties export publiques surveillées par l’Etat, a été transférée à Bpifrance . La volonté de Natixis de s’alléger au capital de l’assureur-crédit, elle, n’est pas nouvelle. La banque a classé sa participation au rang d’actif non stratégique il y a huit ans et franchi une première étape en juin 2014 avec l’introduction en Bourse d’une partie de sa participation. Enfin, après un exercice 2016 difficile, l’assureur-crédit français valorisé 1,26 milliard d’euros en Bourse, se redresse : son bénéfice opérationnel a crû de 17,5 % au premier semestre.

Source : Les Échos – Anne Drif