La durée de validité du chèque va être réduite à six mois.
Les banques déve­loppent toute une série de mesures pour décourager l’usage du chèque.

Les jours du chèque sont-ils comptés ? Si ce moyen de paiement traditionnel et populaire résiste en France, les consommateurs devront redoubler de vigilance avant de les encaisser puisque leur durée de validité devrait être réduite à six mois à partir du 1er juillet 2017, contre un an aujourd’hui. La mesure, votée jeudi soir à l’Assemblée nationale, fait partie de la loi Sapin 2 et doit encore achever la navette parlementaire avant d’entrer en vigueur.

Pour les banques, il s’agit certes d’une mesure symbolique puisque la grande majorité des chèques sont encaissés dans les semaines qui suivent leur émission. Elle est toutefois bien accueillie par la profession puisqu’elle témoigne de la volonté de Bercy de faire reculer ce moyen de paiement sujet à la fraude, mais surtout coûteux pour les établissements, puisque la gratuité du chèque est inscrite dans la loi.

Pour accompagner ou encourager la baisse de l’usage du chèque qui s’est accélérée ces deux dernières années, les banques commencent à repenser leur politique de distribution. Ainsi, chez Boursorama, la commande de chéquier ne se fait pas automatiquement lors de l’ouverture du compte : il est nécessaire de passer commande. Et, surtout, la banque en ligne du groupe Société Générale a développé un service qui permet au client de déclencher l’édition et l’envoi automatique d’un chèque au destinataire de son choix. De même, le groupe mutualiste BPCE envisage du sur-mesure. « Certains clients utilisent peu de chèques mais reçoivent des chéquiers standards. Nous souhaitons désormais passer à des envois plus personnalisés de chéquiers, et nous travaillons donc pour l’année prochaine sur un nombre réduit de formules de chèques pour les petits consommateurs, ce qui permettra en outre de réduire l’empreinte carbone de cette activité dans le cadre de notre politique RSE », précise Didier Cocheteau directeur des paiements Groupe BPCE.

Produits « dématérialisés »

L’offensive bancaire contre le chèque est aussi menée grâce à des services alternatifs proposés aux clients. « Nous fabriquons des produits à valeur ajoutée et dématérialisés pour remplacer le chèque auprès des clients entreprises et particuliers. Pour les entreprises, qui sont les plus gros utilisateurs de chèques, nous valorisons une chaîne harmonieuse entre les créanciers et les débiteurs, par exemple avec la nouvelle solution Sepamail », explique Didier Cocheteau. Pour les professions libérales ou les TPE qui encaissent beaucoup de paiements par chèque, les banques mettent aussi en avant des terminaux de paiement mobile ou mpos (« mobile point of sale ») qui peuvent encaisser les paiements par carte bancaire en déplacement.

Pour les principaux intéressés, l’essor de ces alternatives constitue une bonne nouvelle : « Il faut tordre le cou à l’idée selon laquelle le chèque est un moyen de paiement gratuit pour les commerçants. Certes, sa distribution est gratuite mais le traitement et l’encaissement des chèques, en plusieurs étapes lorsque les comptes des clients ne sont pas suffisamment approvisionnés, a un coût, sans ­compter le risque lié à la fraude », explique Bernard Cohen-Hadad, président de la commission financement de la CGPME, qui estime que les systèmes de paiement alternatifs au chèque restent peu connus des PME et TPE.

Source : Veronique Chocron et Sharon Wajsbrot – Les Échos

Pour compléter cette information, voilà un autre article intéressant : Le Monde