Elément clef de notre compétitivité, le raccourcissement des délais de paiement est une nécessité.

Le constat est largement partagé par l’ensemble des acteurs économiques : les délais de paiement clients, à la fois trop longs et trop peu respectés, affectent la rentabilité et la compétitivité des entreprises françaises. Pourtant, leur réduction a constitué depuis plus de vingt-cinq ans une priorité de l’action publique, des premières réductions du crédit interentreprises imposées par le gouvernement Cresson en 1991, jusqu’au plafonnement des délais instauré en 2008 par le gouvernement Fillon, assorti de lourdes sanctions pour les contrevenants. Malgré cela, délais et retards se maintiennent à des niveaux trop élevés, significativement supérieurs à ceux pratiqués en Allemagne notamment.

Cette situation fragilise nos petites et moyennes entreprises : le médiateur des entreprises estime ainsi qu’environ un quart des défaillances est imputable aux retards de paiement. Ce contexte pénalise la croissance en contraignant les entreprises à financer leur développement par des dispositifs coûteux et précaires : crédits bancaires à court terme ou contrats d’affacturage… ces derniers accentuant eux-mêmes l’ampleur des mouvements récessifs lorsqu’en temps de crise les assureurs-crédits cessent de couvrir les sociétés jugées à risque, mettant fin aux financements associés.

Elément clef de notre compétitivité, le raccourcissement des délais de paiement est une nécessité. La loi de modernisation de l’économie du 4 août 2008 a montré qu’en la matière, une politique volontariste était possible : au-delà de la multiplication des contrôles, il est aujourd’hui indispensable que les pouvoirs publics légifèrent sur le sujet en raccourcissant significativement les délais maximaux autorisés. C’est le meilleur moyen de redonner un souffle d’air à notre économie.

René Ricol et Arthur Wastyn, associé fondateur Ricol Lasteyrie Corporate Finance, membre du réseau EY en France, et directeur associé EY.

Source : Les Échos Business