En Europe, les banques détiennent 1.200 milliards de prêts en souffrance.
Le grand ménage pourrait prendre plus de temps que prévu, selon KPMG.

Près de dix ans après la crise financière, les banques n’ont toujours pas fini de nettoyer leur bilan. Selon une étude de KPMG, citée par Bloomberg , quelque 1.200 milliards d’euros de prêts non performants (quand 90 jours se sont écoulés sans que l’emprunteur ait versé une échéance de remboursement) sont inscrits dans les comptes des établissements basés en Europe. Une situation qui n’est pas près de s’améliorer. En raison d’une croissance anémique sur le continent et des pressions réglementaires, le grand ménage devrait prendre « des décennies plutôt que des années », avertit le rapport.

L’encours des prêts non performants (NPL) a explosé dans le sillage de la crise financière. Le rapport rappelle qu’il est passé d’environ 1,5 % des crédits accordés dans l’Union européenne en 2006-2007 à plus de 5 % depuis 2013. Selon l’Autorité bancaire européenne (EBA), en mars 2016, l’encours représentait 5,7 % de tous les crédits au sein de l’UE. Lors de la grande revue de qualité des actifs de 2014, la Banque centrale européenne avait détecté 880 milliards de créances douteuses dans les principales banques de la zone euro.

L’ampleur du phénomène n’est cependant pas la même dans tous les pays. Globalement, les Etats périphériques de la zone euro – les plus fragiles – comme la Grèce, l’Italie et l’Espagne, sont davantage concernés. En mars 2016, le ratio de prêts non performants par rapport au total des prêts s’y élève respectivement à 47 %, 17 % et 6 %, selon l’EBA. A l’inverse, les Etats du Nord, comme la France ou l’Allemagne, sont relativement préservés. La part de ces prêts y est de 4 % et de 3 %.

Risque systémique

Dans le cas des pays du Sud, la situation en Italie est particulièrement préoccupante. Non seulement la part des prêts non performants atteint des sommets, mais en plus, contrairement à l’Espagne qui a commencé à séparer le bon grain de l’ivraie en mettant en place une « bad bank », l’Italie apparaît incapable de se débarrasser de ces créances douteuses, ce qui pourrait faire peser un risque systémique sur les banques européennes.

Or, selon le rapport de KPMG, faire passer le ratio de NPL de 10 % à 5 % permettrait d’améliorer la rentabilité des fonds propres des banques de 2 points de pourcentage. Une aubaine dans un environnement de taux bas qui rogne les revenus des établissements. L’étude relève que la marge nette d’intérêt – la différence entre le taux du crédit et le coût du financement – est de 1,2 % en Europe, contre 3 % en moyenne aux Etats-Unis.

Source : Étienne Goetz – Les Échos