La nouvelle agence Business France sera jugée sur le nombre de PME auxquelles elle apportera une aide opérationnelle à l’export.
C’est l’un des défis les plus importants à relever pour l’économie française au cours des prochaines années : muscler son tissu productif pour lui permettre de partir à l’abordage des marchés étrangers. Car, aujourd’hui, « notre dispositif d’exportation est très concentré », admet Matthias Fekl, le secrétaire d’Etat au Commerce extérieur. Celui-ci donne au passage quelques statistiques très éclairantes sur les faiblesses tricolores. « Nos 1.000 premiers exportateurs concentrent 70 % des exportations totales de la France. Nous ne comptons que 121.000 entreprises exportatrices alors que l’Italie en compte le double, et l’Allemagne le triple. Et sur 10 primo-exportateurs, après un an, il en reste 3. Après trois ans, il n’y en a plus qu’un qui continue à exporter », regrette Matthias Fekl. « Nos entreprises ont du mal à se poser en exportateurs à long terme », déplore-t-il. Pour le secrétaire d’Etat, « le réflexe international n’est pas suffisamment ancré dans notre pays ».« Chasser en meute »Certes, tout ne peut dépendre du seul ministère du Commerce extérieur. Mais il y a certainement des efforts à faire. Le gouvernement en est visiblement conscient. D’ailleurs, un des critères sur lequel sera jugée la nouvelle agence Business France, qui regroupe l’Agence française des investissements internationaux et Ubifrance depuis le 1er janvier dernier, sera le nombre de PME auxquelles elle apportera une aide opérationnelle pour les accompagner à l’exportation. L’objectif est de conseiller 1.000 PME d’ici à fin 2015. Il sera nettement dépassé puisque, à la fin décembre, 712 entreprises avaient déjà bénéficié d’un accompagnement personnel. La négociation entre Business France et l’Etat d’un nouveau contrat d’objectifs pour les trois prochaines années laisse toutefois présager que ce dispositif devra monter en puissance. « Il faut rassurer les PME sur l’exportation, leur apporter un soutien juridique et les conseiller sur les marchés étrangers. Cela peut même être parfois une sorte de coaching personnel », selon Matthias Fekl.

L’an dernier, le nombre d’entreprises de taille intermédiaire exportatrices n’a augmenté que de 0,6 %. Ce qui fait dire au secrétaire d’Etat au Commerce extérieur qu’il existe « une nécessité de consolider les entreprises de taille intermédiaire (ETI). La performance de l’Allemagne tient à la force de son Mittelstand », c’est-à-dire ces grosses PME et ETI familiales qui forment le tissu industriel germanique. « Il nous faut chasser en meute », martèle Matthias Fekl. La « meute » dont il s’agit, c’est celle formée par les grands groupes, qui emmènent avec eux leurs fournisseurs, souvent des PME et des ETI, à l’étranger, leur permettant ainsi de conquérir des marchés auxquels elles n’auraient accès sans cette courte-échelle. C’est, là encore, la stratégie de l’Allemagne, décidément le modèle à suivre pour la France.

Source : Les Échos – Guillaume de Calignon