Revue de Presse – Les Echos – 15.09.14 “L’exécutif à l’offensive sur le financement des entreprises”

L’Elysée organise aujourd’hui des assises de l’investissement. Pour les entreprises, il s’agit surtout de renouveler leurs équipements.

L’exécutif monte en première ligne sur le financement des entreprises. François Hollande en personne doit conclure ce lundi les assises du financement et de l’investissement organisées à l’Elysée avec des « annonces » à la clef. L’événement se veut collégial, chacun des deux locataires de Bercy animant deux tables rondes thématiques. Aux côtés d’Emmanuel Macron et de Michel Sapin siégeront un panel de dirigeants de PME « d’excellence », et des acteurs bancaires, de l’assurance ou encore du capital-risque.

L’idée est de dégager des perspectives sur le financement de l’innovation, les instruments de financement public et de tirer les premiers enseignements des nouveaux outils apparus ces derniers mois. Autre serpent de mer, l’épargne des Français, pléthorique mais encore trop destinée à l’immobilier et pas suffisamment à l’entreprise. Il n’y a là que de bonnes questions, mais l’accent mis sur le financement peut surprendre alors que, globalement, ce n’est pas l’offre de financement qui fait défaut aux entreprises françaises, mais plutôt la demande.

La France se maintient

Le niveau d’investissement est d’ailleurs souvent vu comme l’un des points faibles de la France et plus largement de la zone euro. Dans l’Union monétaire, le taux d’investissement est de seulement 19,5 % de la valeur ajoutée fin 2013 contre 23 % fin 2007, rapporte Eurostat. Certes, la France s’est maintenue au niveau de 2007, à 22,5 % selon l’Insee. Mais si l’on enlève la construction, le taux d’investissement chute à 15,8 %. Là encore, ce taux reste supérieur à la moyenne de la zone euro. Cela s’explique en particulier par le fait que la crise a été plus dure dans les pays du sud de la zone. Or l’investissement surréagit à court terme aux évolutions de l’activité. En général, une baisse de 1 % du PIB entraîne un recul de 3 % de l’investissement, estiment les économistes.

La différence avec l’Allemagne, qui a plutôt mieux résisté que la France à la crise, est plus étonnante. Les taux d’investissement sont proches alors que les entreprises allemandes sont plus rentables et plus exportatrices. Dans une étude publiée fin 2013, l’Insee explique que la progression plus rapide du coût du travail en France qu’en Allemagne aurait pu inciter les industriels français à substituer du capital au travail.

Au fond, « l’investissement n’est pas particulièrement bas en France par rapport aux autres pays de la zone euro. Mais il ne faut pas s’arrêter à ce seul chiffre », prévient Jean-François Ouvrard, économiste chez COE-Rexecode. « La qualité des investissements compte. Or, en France, les enquêtes de l’Insee montrent que la part des investissements pour augmenter les capacités productives recule tendanciellement au profit des investissements de renouvellement. En outre, une partie des investissements sert à mettre l’outil de production aux normes. A l’inverse, les industriels allemands investissent dans des robots et améliorent leur outil de production. » Ainsi, la France comptait environ 35.000 robots dans ses usines à la fin 2012, contre 160.000 outre-Rhin.

Source : Les Échos – Guillaume de Calignon et Edouard Lederer