L’Observatoire du financement des entreprises devra faire un diagnostic sur les tarifs aux TPE.

Les termes sont choisis, mais les intentions sont claires. Dans un récent courrier dont « Les Echos » ont pu prendre connaissance, Michel Sapin et Emmanuel Macron demandent au Médiateur national du crédit – dans le cadre de l’Observatoire du financement des entreprises – d’« établir un diagnostic sur la lisibilité des tarifs de financement utilisés par les TPE [très petites entreprises] ». En effet, soulignent les ministres des Finances et de l’Economie, les produits disponibles pour financer les TPE sont « extrêmement divers et souvent complexes ». Pour le seul financement de leur trésorerie, les dirigeants peuvent s’orienter entre au moins six solutions (découvert, facilités de caisse, « cession Dailly », affacturage…). Outre leurs différences techniques, ces solutions divergent aussi par leur tarification. « Or les dirigeants de TPE n’ont pas les moyens des directions financières des grandes entreprises pour procéder à des calculs actuariels », insiste le courrier, avec un sens certain de la litote.

L’enjeu est double : d’une part, l’entreprise doit pouvoir identifier le service qui correspond à ses besoins ; d’autre part, « il est indispensable que les TPE soient en mesure de comparer les coûts de produits financiers », afin de favoriser la concurrence, rappellent les ministres.

L’affacturage sous la loupe

Parmi d’autres sujets, le rapport – à remettre en fin d’année – devrait logiquement se pencher sur les tarifs de l’affacturage. Cette technique permet à une entreprise de céder ses factures à un établissement, qui les prend en charge et les règle immédiatement. « Pour un même contrat, la tarification se décompose en de multiples frais et commissions de natures très diverses. Certains sont exprimés en pourcentage de chiffre d’affaires, d’autres, frais fixes ou variables, le sont en euros », explique Fabrice Pesin, Médiateur national du crédit. L’affacturage a d’autant plus de chances d’attirer la lumière qu’il connaît un développement très rapide : au premier trimestre, la production du secteur – souvent des filiales de grands groupes bancaires – a progressé de 9,4 % sur un an, avec 56,4 milliards d’euros de créances prises en charge. La hausse avait été de +10,6 % et +13,7 % les deux trimestres précédents. Au terme de ce diagnostic, « s’il […] apparaît que la lisibilité des tarifs mérite d’être améliorée », le Médiateur devra recommander la mise en œuvre de nouvelles bonnes pratiques, notamment en matière de « présentation des coûts de financement », conclut le courrier.

Source : Les Échos – Edouard LEDERER