En quatre ans, le taux de « créances pourries » a été divisé par deux dans les banques de l’Union européenne pour tomber à 3 % du total des prêts. Les banques grecques restent en queue de peloton.

Onze ans après la crise financière, les banques européennes poursuivent l’assainissement de leurs bilans. Selon les données publiées vendredi par l’Autorité bancaire européenne (EBA), le volume de créances douteuses est tombé à son niveau le plus bas depuis 2014 et les premières statistiques effectuées dans l’Union européenne.

Au 30 juin 2019, les NPL, ces prêts non performants en souffrance de remboursement depuis plus de 90 jours, représentaient 3 % du total des encours dans le bilan des banques, contre 6 % en juin 2015. En volume, cela représente un total de 636 milliards d’euros.

Pression des superviseurs et des politiques

Cette évolution, qui illustre l’amélioration de la qualité des actifs dans les banques, est notamment la conséquence de « l’attention particulière portée par les superviseurs » et de « la détermination des politiques » à adresser ce problème, relève l’EBA dans son rapport publié ce vendredi.

Depuis plusieurs années, la Banque centrale (BCE), la Commission et  le Parlement européens mettent la pression sur les banques et les Etats-membre pour accélérer la cession de ces créances pourries. Un marché secondaire du NPL, avec des acteurs spécialisés dans le rachat et la gestion de ces crédits, s’est développé dans un nombre croissant de pays, offrant une porte de sortie aux banques.

La vigueur de la croissance économique, associée à la faiblesse des taux d’intérêt, a également contribué à cette évolution positive.

Disparités entre pays

L’amélioration globale des bilans des banques européennes masque néanmoins de fortes disparités entre pays. La Grèce reste le mauvais élève de la classe européenne, avec un ratio de 39,2 % des encours, suivi par Chypre (21,5 %) et le Portugal (9 %). En volume, c’est l’Italie qui renferme encore le plus de créances pourries, avec un total d’encours de 137 milliards d’euros, juste devant… la France, avec 124 milliards.

La baisse de ces encours, qui restent importants compte tenu de la taille de l’économie française, est demeurée plutôt limitée dans l’Hexagone, avec une réduction de 17 % en quatre ans. En moyenne, les NPL pesaient au premier semestre 2019 2,6 % des encours des banques françaises.

Ces bons chiffres viendront en tout cas alimenter les discussions en cours pour l’achèvement de l’union bancaire européenne. La réduction des risques dans les banques est en effet l’une des conditions exigées par l’Allemagne pour faire  avancer les négociations . Berlin milite pour une réduction des NPL à 5 % des encours bruts « dans chaque pays membre ».

 

Auteur : Romain Gueugneau

Source Les ECHOS