Au premier semestre 2015, les plate-formes françaises de financement participatif ont collecté 133 millions d’euros, contre 66 millions sur les six premiers mois de 2014.

Certes les montants restent très modestes au regard des finan­cements accordés par les acteurs traditionnels que sont les banques, mais la trajectoire de croissance du « crowdfunding » reste ascensionnelle. Selon le baromètre publié jeudi par l’association professionnelle du secteur, Financement ­participatif France (FPF), les plates-formes françaises ont collecté 133,2 millions d’euros au premier semestre 2015, contre 66,4 millions sur les six premiers mois de 2014. Soit une augmentation de 100 %.

« En cumul, ce sont près de 400 millions d’euros qui ont été ­collectés grâce au “crowdfunding” depuis le lancement des plates­formes », souligne FPF. Le « financement par la foule » permet de ­collecter des fonds sous la forme d’investissements dans des projets de dons ou de prêts. Au premier semestre, c’est l’évolution de la ­collecte en prêts qui a été la plus importante, avec un taux de croissance de 227 % (à 85,1 millions d’euros), favorisée par la mise en place d’un cadre réglementaire favorable en octobre dernier. Une ordonnance et son décret d’application ont en effet créé le statut d’intermédiaire en financement participatif (pour le prêt), et de conseiller en investissements participatifs (pour l’investissement). Depuis, une vingtaine de plates-formes ont vu le jour.

1,75 million de Français

Le phénomène commence ainsi à « s’étendre auprès du grand public », estime Nicolas Lesur, président de FPF et fondateur de la plate-forme Unilend. A la mi-année, 1,75 million de Français avaient réalisé un acte de « crowdfunding » depuis le lancement des plates-formes en France, soit 750.000 financeurs de plus qu’une année auparavant.

Cette effervescence bénéficie à ce stade d’un « taux de casse » très faible (entre 1 % et 2 % des projets ont fait faillite à ce jour, selon FPF), qui s’explique par le manque de recul sur les projets financés par le « crowdfunding », mais aussi par sélectivité très élevée des plates­formes. Ainsi, sur les sites d’investissement, seuls 4 % des projets déposés sont sélectionnés in fine.

Pour amplifier cette dynamique, et ne pas être à la traîne d’un marché européen « qui bouge très vite », le secteur cherche actuellement à convaincre Bercy de « lever des barrières ». L’association FPF défend actuellement 15 propositions, fiscales ou réglementaires, qu’elle tente de faire inscrire dans le projet de loi de finances pour 2016. Les plates-formes demandent par exemple de compenser fiscalement les pertes et les revenus des prêts rémunérés (ce qui reviendrait à déduire les pertes subies des gains réalisés). Ou de supprimer le seuil maximum de 1.000 euros par prêteur et par projet pour un prêt rémunéré, ainsi que le plafond de 1 million d’euros d’emprunt par projet. Elles demandent aussi, « pour protéger davantage les actionnaires minoritaires particuliers », d’élargir le type de titres financiers éligibles au « crowdfunding » sous forme d’investissement en capital, notamment à des actions de préférence ou à des obligations convertibles.

Source : Véronique Chocron – Les Échos