La production manufacturière a reculé de 1% au cours du mois de juillet. Des inquiétudes se font jour sur la croissance au troisième trimestre.

Ce n’est pas une catastrophe mais le chiffre annoncé par l’Insee jeudi est sans conteste une mauvaise surprise pour les économistes et le gouvernement. La production industrielle a reculé de 0,8 % au mois de juillet (- 1% pour la seule production manufacturière, hors énergie), après un mois de juin déjà décevant (production industrielle stable, production manufacturière en repli de 0,6 %). Tous les secteurs de l’industrie, de l’automobile à l’agroalimentaire, en passant par la machine-outil, ont vu leur production reculer. Seul le raffinage enregistre une hausse en juillet, mais la production de ce secteur avait plongé au cours des mois précédents en raison de mouvements de grève. Bref, il y a peu de matière à optimisme.

Le chiffre publié jeudi par l’Insee est en contradiction avec les enquêtes menées par l’institut. Le moral des patrons de l’industrie, que l’Insee interroge chaque mois, se situe à 103 points, c’est-à-dire au-dessus de sa moyenne de long terme. Le relatif optimisme des chefs d’entreprise aurait logiquement dû se traduire par une hausse de la production industrielle. Ce n’est pas le cas et les explications vont bon train. Les effets du calendrier auraient pu jouer un rôle dans la baisse de la production, notamment les fermetures d’usines auraient pu intervenir plus tôt en juillet qu’au cours des années précédentes. Mais ce ne sont encore que des questions, pas des réponses.

Un problème d’offre

Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives sur une statistique portant sur un seul mois. A Bercy, on indique d’ailleurs ne pas avoir d’inquiétude sur le mouvement de reprise. Mais, d’ores et déjà, « le chiffre de la production industrielle du mois de juillet fragilise notre scénario d’une croissance du PIB de 0,3 % au troisième trimestre », prévient Vladimir Passeron, chef du département de la conjoncture de l’Insee. « Même si l’industrie ne représente que 11 % du PIB français, son effet d’entraînement sur d’autres secteurs, comme les services, est important », explique-t-il.

D’autres vont plus loin et y voient un sérieux motif d’inquiétude. « Nous sommes dans un contexte où la consommation des ménages est dopée par la baisse du prix du pétrole et les exportations bénéficient d’un effet compétitivité lié à la dépréciation passée de l’euro », rappelle Denis Ferrand, directeur général de COE-Rexecode. « Or, si on voit bien que la consommation et les exportations augmentent, la production n’embraye pas. En volume, les importations de produits manufacturés ont progressé en rythme annuel de 5,5 % au cours du premier semestre, alors que la production industrielle n’a progressé que de 1,1 % sur la même période. La demande est stimulée, mais une partie importante dope les importations, une illustration supplémentaire du fait que le problème de l’économie française se situe avant tout du côté de l’offre », selon lui.

La difficulté est aussi que ce mauvais chiffre intervient au moment où des inquiétudes se font jour sur la croissance mondiale en raison du ralentissement de la Chine et des pays émergents. Les clignotants ne sont plus tous au vert pour la croissance française.

Source : Guillaume De Calignon – Les Échos