Le taux de marge des entreprises françaises a atteint 33,1 % au deuxième trimestre 2019, grâce à la conjonction cette année du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) et aux baisses de charges. L’effet ne sera toutefois que temporaire. Les investissements restent en tout cas dynamiques.

Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ou presque. Le taux de marge des entreprises françaises a atteint 33,1 % de la valeur ajoutée entre avril et juin 2019. La dernière fois qu’il était aussi haut, c’était au deuxième trimestre 2008, quelques semaines avant la faillite de Lehman Brothers. Les effets de la politique de l’offre menée par François Hollande puis Emmanuel Macron se voient donc au moins dans les comptes des entreprises.

Double année de CICE

Cette hausse du taux de marge sur la première moitié de l’année s’explique d’abord par le cumul du versement du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) au titre de l’année 2018 et sa transformation en baisse de charges sociales au 1er janvier de cette année. En clair, les entreprises ont vu leurs cotisations baisser cette année de 20 milliards d’euros environ et elles bénéficient d’un crédit d’impôt sur les sociétés de 20 milliards d’euros au titre de l’exercice 2018.

« La double année de CICE représente environ 1,4 point de marge supplémentaire pour les entreprises », a calculé Denis Ferrand, directeur général de l’institut Rexecode. Mais il s’agit d’une hausse transitoire, qui ne se répétera évidemment pas l’an prochain. Le taux de marge devrait donc retomber un peu au-dessus de 31,5 % l’an prochain, c’est-à-dire à un niveau légèrement inférieur à celui d’avant la crise.

Des investissements toujours dynamiques

Que vont faire les entreprises de cette manne ? C’est une des grandes questions que se pose le gouvernement qui verrait d’un très mauvais oeil qu’elles l’utilisent pour payer des dividendes. Il est encore trop tôt pour répondre définitivement, mais il ne semble pas que cela soit la direction prise.

En effet, leur capacité d’autofinancement est désormais très élevée et même supérieure à 100 %, grâce notamment aux taux d’intérêt très bas et à des versements de dividendes moins dynamiques. Cela signifie qu’elles peuvent aisément financer leurs investissements. C’est ce qu’elles font : une des surprises de cette première moitié de l’année, c’est que les investissements des entreprises continuent à progresser rapidement. Ils ont grimpé de 3,7 % au deuxième trimestre 2019 par rapport à la même période de l’année précédente. Mais il n’est pas certain que cela s’explique par le double versement du CICE cette année.

« Le CICE versé cette année au titre de 2018 a un impact sur la trésorerie de l’entreprise, pas sur son résultat de 2019 puisqu’il a déjà été comptabilisé l’an dernier. Or, la décision d’investir se base plus sur les résultats futurs que la trésorerie », explique Denis Ferrand. Quoi qu’il en soit, la progression du taux de marge des entreprises prouve que la santé financière du tissu économique hexagonal s’est améliorée. A l’heure où l’économie mondiale ralentit, voilà qui est rassurant, d’autant plus que Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie s’est engagé cette semaine à ne pas revenir sur les baisses de charges.

Auteur : Guillaume de Calignon

Source : Les Echos