La banque publique est encouragée à soutenir les TPE en difficulté.

Après avoir passé au crible le bilan de la jeune banque publique pendant près de huit mois, les parlementaires ont rendu leur verdict mercredi : s’ils reconnaissent que sa montée en puissance est « indéniable », ils l’invitent aussi à prendre plus de risques aux côtés des entreprises françaises.« Si le rôle de bpifrance est de permettre à l’ensemble de l’écosystème de prendre des risques, elle doit également être davantage en mesure d’en prendre elle-même », estime la mission d’information du Parlement sur bpifrance dans son rapport.

En cause : la capacité de bpifrance à répondre aux demandes de financement des TPE en difficulté, qui trouvent porte close du côté des banques commerciales. Jusqu’à présent, bpifrance s’est concentré sur la distribution de garanties pour couvrir jusqu’à 60 % des crédits de ces acteurs, laissant le soin aux banques commerciales de leur fournir des prêts. Une mécanique qui n’est pas forcément suffisante pour convaincre les établissements privés d’ouvrir le robinet du crédit.

Pour aller plus loin, la mission parlementaire recommande à bpifrance de distribuer directement des prêts aux TPE. Le métier est déjà sur l’ouvrage puisqu’une plate-forme en ligne, dédiée à des prêts de développement de l’ordre de 50.000 euros, pourrait voir le jour début 2016 chez bpifrance.

Fonds de retournement

Autre cheval de bataille des parlementaires : s’assurer que la banque publique puisse intervenir aux côtés d’entreprises empêtrées dans de lourdes difficultés. Pour ce faire, la mission recommande à bpifrance d’assouplir la règle de financement qui guide toutes ses interventions : soit n’investir qu’aux côtés d’acteurs privés qui engagent les mêmes montants qu’elle. Par ailleurs, les parlementaires invitent aussi la banque à redoubler d’efforts pour soutenir l’écosystème des fonds de retournement, dédiés à la restructuration d’entreprises. En 2014 et 2013, bpifrance a engagé 123 millions d’euros dans de tels fonds, des montants jugés « extrêmement limités » par la mission qui recommande la création d’un fonds de retournement public ou le développement de fonds en régions avec des acteurs privés.

Ces questions nourrissent un débat récurrent pour bpifrance, tiraillé par nature entre ses missions publiques, le bon usage de l’argent public et le respect des règles de concurrence.

Communication tape à l’oeil

Si les parlementaires n’ont rien à redire sur les montants engagés par bpifrance pour se faire connaître, ils l’invitent toutefois à faire preuve de plus de « sobriété »« A l’heure où le redressement des comptes publics impose des efforts, l’envoi en masse de versions reliées des rapports d’activité 2014 est discutable », indique le rapport.

Source : Les Echos du 1er octobre. Auteur : Sharon WAJSBROT