Depuis les difficultés des banques régionales en passant par l’endettement galopant des ménages dans une économie qui ralentit, la Banque centrale chinoise tire la sonnette d’alarme. Elle a classé en « risque élevé » 13 % des banques chinoises.

Comme tous les ans dans la deuxième quinzaine de décembre, les plus hautes autorités chinoises chargées de la politique économique et financière vont se réunir à huis clos dans l’hôtel Jingxi de Pékin pour analyser la situation actuelle et fixer les priorités de l’année suivante.
Cette « conférence centrale sur le travail économique » va se tenir cette année dans un contexte particulièrement délicat. La Chine de Xi Jinping fait face à un problème d’équilibre de plus en plus périlleux, cherchant à soutenir une économie qui ralentit, tout en prenant garde à ne pas ouvrir grand les vannes de la dépense au moment où les signes de tensions financières se multiplient.
Depuis les inquiétudes autour des petites banques rurales en passant par l’endettement galopant des ménages, la Banque centrale chinoise (PBOC) a tiré la sonnette d’alarme, la semaine dernière, dans son rapport annuel sur la stabilité financière.

Bank run

La détérioration de la santé des petits prêteurs et des banques régionales est l’un des défis les plus grands. « La réforme du secteur bancaire – source de risques clefs -, devrait accélérer en 2020, censée être la dernière année d’un plan de trois ans de renforcement de la réglementation, associé à une campagne de désendettement plus large », estiment les analystes du cabinet Trivium dans une note récente.

La confiance s’est affaiblie depuis le mois de mai, lorsque l’Etat a dû voler au secours de Baoshang bank et placer sous tutelle cette institution de Mongolie intérieure. Puis le sauvetage de la Bank of Jinzhou et de Hengfeng Bank n’ont fait que raviver les doutes sur la santé financière des banques régionales dont dépend une bonne partie du secteur privé pour se financer.
Le 12 novembre, le régulateur bancaire a dû s’engager à contenir les risques de liquidités, suite à des débuts de « bank run » chez Yingkou Coastal Bank (dans la province du Liaoning, nord de la Chine) et à la Yichuan Rural Commercial Bank (dans le Henan). Dans des succursales de Yingkou Coastal bank, des dizaines d’agents de sécurité se sont interposés entre les guichets et des centaines de clients en panique, témoignent des vidéos rapidement censurées sur les réseaux sociaux chinois, tandis que la police a arrêté onze personnes suspectées de colporter de fausses rumeurs sur Internet.

Priorité à la recapitalisation

Si les autorités se sont rapidement efforcées d’étouffer l’affaire, la fragilité de certains établissements bancaires est bien réelle. Dans son rapport sur la stabilité financière, la PBOC a classé en « risque élevé » 13 % des banques chinoises (586 établissements sur près de 4.400), contre 10 % l’an passé. Même si les petits établissements ruraux ne représentent qu’un quart des actifs du secteur bancaire chinois, ils jouent un rôle important sur le marché interbancaire et sont aux avant-postes dans le financement des PME et des consommateurs.
Sous l’égide de Liu He, le plus proche conseiller économique du président Xi Jinping, le comité pour la stabilité financière a décidé de faire de la recapitalisation des petits et moyennes banques sa priorité pour prévenir les risques financiers. Liu He a appelé à davantage de moyens pour renforcer le capital des petits établissements mais également à des mesures de restructuration et de fusion. « La réforme du secteur bancaire aura des conséquences significatives pour la croissance de l’économie chinoise, la disponibilité du crédit étant une variable essentielle de cette dernière », souligne l’étude du cabinet Rhodium.

L’endettement des ménages pèse 60 % du PIB

Dans son rapport, la PBOC a également mis en garde sur les dangers d’une augmentation rapide de la dette des ménages chinois, appelant à une surveillance accrue des prêts hypothécaires et des crédits à la consommation afin de réduire les risques pour le système financier du pays.
L’endettement des ménages représentait 60 % du PIB de la Chine à la fin 2018 et l’équivalent du revenu total disponible. Les entreprises et les administrations locales ont été les principaux facteurs d’accumulation de la dette du pays, mais les prêts à la consommation ont augmenté plus rapidement ces dernières années. Une difficulté supplémentaire à gérer pour Pékin alors même que la deuxième économie mondiale cherche à renforcer la demande intérieure pour être moins dépendante des exportations.

Auteur : Par Frédéric Schaeffer

Source : Les Echos