Les comptables vont peu à peu devoir céder leur place aux data scientists et autres mathématiciens. Les directions financières s’y préparent bon an mal an.
Blockchain, intelligence artificielle, robotique, cloud sont autant de technologies qui, pour peu qu’elles n’aient pas déjà infiltré les directions financières, frappent à leur porte avec de plus en plus d’insistance. Les directeurs administratifs et financiers (DAF), conscients de cette (r)évolution, s’inquiètent de ne pas disposer des compétences internes qui s’imposent, selon une récente étude d’EY.
Un risque de casse sociale
47 % des 769 directeurs financiers mondiaux interrogés par le cabinet d’audit et de conseil font ainsi part de leur inquiétude dans ce document que « Les Échos Business » a pu se procurer en exclusivité. Parmi eux, 69 % anticipent l’automatisation sous peu de tâches financières traditionnelles ou bien leur gestion par des centres de services partagés. « Le besoin de compétences purement comptables va progressivement se réduire au profit de nouveaux métiers, commente Sabine Bechelani, associée chez EY. Le reporting digital, l’automatisation de certains process ou l’analyse prédictive vont obliger les directions financières à recruter des mathématiciens ou des data scientists. »
Déjà, certaines entreprises mènent des expérimentations pour remplacer l’humain par des outils robotiques. Il en va ainsi de la saisie des factures fournisseurs confiée à des robots, bien plus rapides que leurs collègues en chair et en os et dont le travail comporte un risque d’erreurs minime. « Il ne s’agit pas pour autant de complètement supprimer l’humain, nuance Sabine Bechelani. Les financiers vont simplement devoir apprendre à travailler différemment et à gérer de nouveaux risques comme ceux relatifs à la cybersécurité. »
Problème : cette transition ne se fera sans doute pas sans casse sociale, « principal frein à cette transformation », souligne la consultante. Si certains profils devraient aisément évoluer vers de nouvelles missions, d’autres seront moins prêts. « C’est d’ailleurs un vrai étonnement que de voir les entreprises prendre insuffisamment en compte ce point, confirme l’associé EY. Rares sont celles qui anticipent les besoins en formation, en reclassement ou les enjeux sociaux liés à cette question. » Elles ne sont pas les seules. Au dire d’experts, la plupart des écoles formeraient encore les comptables de demain comme ceux d’hier. Comme si, pour eux, rien ne devait changer.
Source : Les Échos Business – Vincent Bouquet