Vous trouverez ci-dessous un article paru le 29 août 2016 dans les Echos que nous souhaitions porter à votre connaissance.

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Toutes les entreprises ont vocation à devenir des plate-formes, c’est-à-dire à se placer au cœur des interactions permettant de remplir au mieux leur mission.

L’adaptation des entreprises au monde du XXIe siècle passe par une meilleure compréhension des enjeux qu’implique la notion de ­plates-formes numériques. Toute la radicalité de la transformation digitale peut sans doute se résumer à un seul principe : les entreprises, quelles qu’elles soient, ont vocation à devenir des plates-formes. C’est-à-dire à être au coeur des interactions qui leur permettent de remplir leur mission au mieux.

Qu’il s’agisse de produire des réacteurs d’avion ou de vendre des services de restauration à domicile, il deviendra progressivement impensable de ne pas optimiser ces interactions avec les parties prenantes de l’entreprise (fournisseurs, clients, salariés, etc.) en les automatisant autant que possible pour ainsi accroître sensiblement leur productivité.

L’interaction crée la valeur

En reformulant totalement la création de valeur, la plate-forme recrée également de nouvelles formes de partenariats et d’alliances. La plate-forme traite la donnée produite par la multitude. Ainsi, Uber est en relation avec près de 10 millions de clients et environ 200.000 chauffeurs, mais, au-delà, cette société interagit également avec de nombreuses banques, systèmes de paiement, système d’information routière, réseaux sociaux… Plus elle interagit, plus elle crée de la valeur.

Il en est de même pour Tesla : c’est Elon Musk ( lire son portrait ) lui-même qui a comparé sa société à une plate-forme. Il a clairement compris que, face à la Google Car et aux véhicules autonomes, sa voiture, si performante qu’elle puisse être, serait hors marché si elle n’était pas capable de fournir un service de transport en autonomie au moins équivalent à ces concurrents dévoreurs de données. L’objectif pour Elon Musk est donc de comprendre aussi bien que possible comment ses clients utilisent ses véhicules, quelles sont leurs habitudes, comment roulent les voitures, de sorte à pouvoir utiliser cette donnée pour optimiser le service qu’il offrira demain.

Tout cela requiert une nouvelle forme de savoir-faire qui n’a que peu à voir avec le fait d’emboutir de l’acier pour construire une voiture. Les constructeurs automobiles n’auraient probablement jamais, quelques années auparavant, imaginé avoir à s’approprier la donnée de leurs clients finaux et, moins encore, que la réussite de cette mission soit un impératif de survie à court terme.

Toutes les entreprises sont concernées

Il y a peu, je rendais visite à mon dentiste ; la digitalisation y fait des incursions surprenantes. Désormais, il n’a plus de prothésiste : le dentiste effectue des relevés 3D des dentitions, qui peuvent être envoyées à un opérateur qui, après avoir finalisé le modèle des prothèses, les renvoie chez le praticien, où elles sont imprimées en 3D. De même, la comptabilité devient totalement automatisée et les quelques opérations manuelles qui continuent à incomber au dentiste consistent à scanner ses notes de frais pour qu’elles soient traitées par une plate-forme spécialisée, sans même qu’il n’ait à rencontrer quiconque.

La transition digitale ne concerne donc pas uniquement les grandes entreprises, mais bien également les artisans.

Mon dentiste pourrait aussi effectuer les prises de rendez-vous via un agenda en ligne que ses patients rempliraient eux-mêmes. Il lui suffirait de régler le temps qu’il souhaite consacrer à chacun en fonction de ce qu’il sait de ses antécédents dentaires, et seules les plages horaires adéquates se libéreraient.

La transition digitale ne concerne donc pas uniquement les grandes entreprises, mais bien également les artisans. Gageons que l’on peut appliquer ce type d’analyse de transformation à tous types d’activité. Il y a cependant fort à craindre que l’idée que les entreprises aient à devenir des plates-formes reste encore, pour un certain temps, une notion incomprise. Pour autant, il est difficile d’envisager un autre mode d’évolution du monde productif : la puissance actuelle et surtout future des plates-formes est telle qu’elles ne resteront plus longtemps des options.
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