Le nouveau fonds Lendix vise de 50 à 75 millions d’euros de prêts aux PME.

La plate-forme va se lancer en Espagne et en Italie.

Des frontières déjà trop étroites. Alors qu’elle pèse encore peu face aux banques, la finance participative hexagonale pense déjà à l’Europe du Sud. La plate-forme française Lendix, l’un de ces nouveaux prêteurs non bancaires, vient d’annoncer le lancement d’un nouveau fonds européen (sous un nouveau format baptisé « Eltif »), le premier de son genre à être dédié au financement des TPE et PME.

Ce véhicule vise à prêter de 50 à 75 millions d’euros sur dix-huit mois à des entreprises françaises, italiennes et espagnoles. « L’un des intérêts de ce format Eltif est justement ce passeport européen, qui permet de proposer nos prêts aux investisseurs institutionnels partout en Europe », explique Olivier Goy, fondateur de la plate-forme. Parmi les souscripteurs à ce fonds, qui pourrait accorder ses premiers prêts en août, figure CNP Assurances, Zencap AM ou encore le fonds Prêtons Ensemble (géré par Eiffel Investment Group).

Timing favorable

Dans le modèle développé par Lendix, tous les prêts restent également accessibles aux particuliers, avec un inconvénient : pour l’heure, il n’existe pas d’agrément européen pour la finance participative et les prêts individuels en Espagne et en Italie nécessitent encore des autorisations nationales.

Avec le lancement de ce fonds, Lendix entend gonfler rapidement ses encours de prêts, sachant que sur les dizaines de plates-formes ayant récemment vu le jour en France, il n’y aura pas de place pour tout le monde. Avec 31 millions d’euros prêtés depuis son lancement, elle estime dominer le marché français des prêts en ligne aux PME.

Plus largement, le timing est actuellement favorable aux plates-formes françaises : leurs concurrentes britanniques, déjà beaucoup plus développées, vont souffrir à court terme des incertitudes liées au Brexit et donc de leur capacité à proposer leurs services aux grands investisseurs hors de leurs frontières. Dans le même temps, les acteurs français misent sur le fait que les marchés espagnols ou italiens restent moins naturels pour des prêteurs britanniques. Lendix n’est d’ailleurs pas la seule à avoir pris ce cap : son homologue Younited (ex-Prêt d’Union), spécialisé dans le crédit à la consommation, a récemment ouvert un bureau italien.

Source : Les Échos – Edouard Lederer