Commissaires aux comptes : un modèle à repenser

Sur cinq ans, les tarifs du CAC 40 ont baissé en moyenne de 0,3 % par an.Dans le même temps, les coûts croissent avec la réglementation.

Depuis 2008, les honoraires des commissaires aux comptes des entreprises du CAC 40 stagnent autour de 730 millions d’euros, rapporte une étude du cabinet de conseil Day One. Le marché n’affiche qu’un taux de croissance annuel moyen de – 0,3 %, ces cinq dernières années. Pis, en 2012, ce taux a même chuté de 1,3 % par rapport à 2011.

Cette tendance s’explique en raison de l’effet mécanique lié au changement de la composition de l’indice CAC 40. Et à un effet de volume : les sociétés Alcatel-Lucent et PSA Peugeot Citroën, qui avaient chacune deux commissaires aux comptes, ont été remplacées par Gemalto et Solvay, qui chacun ne disposent que d’un seul. En outre, les honoraires par mandat des deux sociétés entrantes sont nettement inférieurs à ceux des sortantes, tirant ainsi vers le bas l’ensemble des honoraires.

Conséquence de cette stagnation des honoraires : l’évolution du « business model » du commissariat aux comptes semble inévitable. La pression sur les honoraires et les coûts croissants des équipes laissent présager un effet de ciseaux.

La rentabilité des cabinets d’audit menacée

L’inflation de la réglementation, sa complexité et la mise en place d’un projet de réforme du marché de l’audit menacent la rentabilité des cabinets d’audit, leur laissant peu de marges de manoeuvre. « Le triptyque valeur ajoutée/prix/marge doit être au coeur de la réflexion des commissaires », estime Day One. « Comment doivent-ils repenser leur organisation et leur offre pour positionner le curseur “prix/valeur ajoutée” afin de mieux répondre aux attentes des clients ? »

Autrement dit, de quelles façons le commissariat aux comptes peut-il infléchir son orientation stratégique : par la valeur ajoutée apportée au client ? Par la rentabilité générée par un recours généralisé aux technologies et à des équipes à moindre coût (bac + 2), s’il devenait une « commodité » ? « Certains cabinets commencent déjà à se positionner sur de l’audit déporté via la réalisation de traitements en offshore ou lancent des politiques de recrutement de bac + 2 ou + 3 », observe Olivier Chaduteau, associé gérant de Day One.

Source : Les Echos Business, Muriel JASOR.