Défaillances d’entreprises : les TPE particulièrement touchées

Les redressements et liquidations judiciaires directes ont augmenté de 9,4 % au deuxième trimestre, selon Altares. Essorées par une crise qui n’en finit pas, les TPE françaises peinent à trouver des clients sur leur territoire et ne sont pas assez tournées vers l’international.

Le léger recul des défaillances d’entreprise au premier trimestre ne s’est pas confirmé au deuxième. Bien au contraire. Les tribunaux de commerce ont prononcé 14.623 procédures de redressement ou de liquidations judiciaires directes lors des trois derniers mois, comptabilise Altares dans son bilan publié le 9 juillet. En y ajoutant les procédures de sauvegardes, le nombre de jugements atteint les 15.000, enregistrant un bond de 9,4 % par rapport à la même période de l’an passé.

Une crise qui n’en finit plus

« Les défaillances d’entreprises sont désormais proches du niveau élevé du deuxième trimestre de 2009 », constate Thierry Millon, responsable des analyses de la société spécialisée dans l’information sur les entreprises. A l’époque, l’économie commençait à sortir de sa plus grande récession de l’après-guerre. Aujourd’hui aussi, la France sort d’une récession (la Banque de France anticipe une croissance de 0,2 % au deuxième trimestre). Mais de nombreuses entreprises peinent à tenir le choc d’une crise qui n’en finit plus, avec une croissance globalement au point mort depuis trois ans.

Les TPE fortement touchées

« Malgré leurs efforts, beaucoup de très petites entreprises sont à bout : elles peinent à trouver des clients dans l’Hexagone et ne sont pas tournées vers les marchés internationaux », poursuit Thierry Millon. Au-delà de défaillances emblématiques de grosses PME, comme les magasins de produits culturels Virgin, la société de services informatiques Overlap, le fabricant d’aliments canins Continentale Nutrition, c’est le sort des TPE qui inquiète particulièrement. « Il est moins ici question de modèles économiques dépassés que de sociétés qui portent les stigmates de la panne conjoncturelle et qui ont vite fait de se retrouver en dessous de la ligne de flottaison », indique Thierry Millon. Au cours du printemps, 10.000 micro-entreprises (moins de trois salariés) ont disparu, soit 11 % de plus qu’il y a un an. Inversement, la situation des PME de plus de 50 salariés s’améliore, avec 131 défaillances, soit 6 % de moins qu’il y a un an et presque un quart de moins qu’en 2009.

Un effet domino à craindre

Cette tendance influence favorablement le nombre d’emplois menacés. Avec 61.900 postes directement concernés par les défaillances, le niveau reste élevé. Mais c’est 1.000 emplois de moins qu’en 2012 et 10.000 de moins qu’au printemps 2009. Cela étant, « les nombreuses fermetures de TPE peuvent compromettre l’équilibre économique et social d’un bassin d’emploi et d’un territoire », souligne Altares. Et de prévenir : « Les TPE étant très présentes dans le portefeuille clients des PME, il faut prendre garde à l’effet domino. »

La restauration, les soins à la personnes et l’habillement touchés

Comme lors des mois précédents, les secteurs souffrant le plus sont ceux qui subissent directement les arbitrages des Français dans leurs dépenses. Le nombre de défaillances augmente de 13 % dans la restauration, de 20 % dans les soins à la personne, de 15 % dans la vente d’habillement. Le retournement de l’investissement immobilier fait défaillir les agences immobilières (+ 21 %) et frappe certains secteurs du bâtiment. Dans les services aux entreprises, les agences de publicité (+ 26 %) font les frais des arbitrages dans les budgets.

Au total, 31.127 procédures de redressement et de liquidations directes ont été prononcées sur l’ensemble du premier semestre (+ 3 %). Et Altares en anticipe autant au deuxième. 2013 sera donc une nouvelle année de forte sinistralité, avec de l’ordre de 62.000 défaillances. Le record de 2009 ne sera pas atteint (63.700). Mais alors que la reprise économique se fait toujours attendre, les défaillances ne parviennent pas à retrouver leur niveau d’avant-crise.

Source : Les Echos BusinessFrédéric Schaeffer, journaliste