L’Etat vient d’accroître son soutien aux entreprises exportatrices. Le poids lourd de l’assurance crédit Euler Hermes s’inquiète toutefois de la hausse des impayés à très court terme.

Les assureurs couvrant les entreprises contre les impayés de leurs clients sont en alerte. Le gouvernement a promis de renforcer l’aide au secteur, mais Euler Hermes, le poids lourd de l’assurance-crédit en France, plaide pour une augmentation du montant et de la portée de sa garantie publique.

« Nos clients nous font part de difficultés grandissantes de la part de leurs propres clients et même d’arrêts de paiements », explique aux « Echos », Eric Lenoir, président du comité exécutif d’Euler Hermes France. « Des entreprises vont faire défaut. Si on ne prévient pas cela, les dispositifs mis en place pour accompagner les entreprises au moment de la reprise de leur activité ne fonctionneront pas », assure-t-il.

Plus d’aide pour les exportateurs

Ces dispositifs viennent d’être mis sur pied par l’Etat, qui a apporté une garantie publique aux assureurs-crédit, fixée à 10 milliards pour les échanges commerciaux entre entreprises françaises. Afin de protéger davantage les entreprises exportatrices , l’exécutif vient par ailleurs d’augmenter la garantie dédiée de 2 à 5 milliards d’euros, dans le projet de loi de finances rectificative présenté ce mercredi.

Pour autant ce dispositif est d’abord utile pour garantir les transactions commerciales futures, souligne Euler Hermes. Or les échanges déjà engagés «sont fortement en risque ». Afin de les protéger, « je pense qu’il faudrait entre 10 et 20 milliards d’euros de garantie d’Etat en plus des 15 milliards », explique Eric Lenoir. Concrètement, le médiateur du crédit pourrait être saisi pour activer une garantie au cas par cas. « Nous ne demandons pas à l’Etat de nous signer un chèque en blanc », assure-t-il.

Des complexités

Tous les assureurs-crédit ne sont pas aussi pressants qu’Euler Hermes. « Si tous les dispositifs mis en place comme le prêt garanti par l’Etat fonctionnent bien cela doit pouvoir soutenir les entreprises en difficultés [et réduire l’impact sur le secteur de l’assurance-crédit] » temporise Nicolas de Buttet, membre du comité exécutif de Coface, qui se félicite déjà du renforcement du soutien de l’Etat sur les entreprises exportatrices. Il n’empêche, la société verrait d’un bon oeil une nouvelle modification du dispositif. « Le dispositif adopté [par l’Etat] présente certaines complexités. On espère qu’il y aura des adaptations ».

Source : Les Échos – Solenn Poullennec