Les banques doivent remettre en cause leur vision des entreprises !

Les concepts d’analyse financière retenus par les banquiers doivent évoluer, c’est du moins ce qu’on en déduit quand on comprend pourquoi le mécanisme de la médiation du crédit a été reconduit jusqu’à fin 2012.

La médiation du crédit a été initiée par le Président de la République à l’automne de l’année 2008 en pleine crise économique et financière. La crise de liquidité et le resserrement du crédit ont fait craindre à la débâcle des banques. L’Etat devait donc voler au secours des entreprises, qui avaient été habituées à trouver de « l’argent facile » au cours des dernières années et qui se trouvaient en difficulté dans la recherche des financements dont elles avaient besoin. Il y avait nécessité de rapprocher les points de vue entre les banques – très frileuses en période de crise – et les entreprises, pour ne pas bloquer l’Economie.

Aujourd’hui les résultats obtenus par la médiation sont très positifs.

Les banques ont même fait progresser les financements accordés aux entreprises ! Le bilan de la médiation fait état d’environ 13000 entreprises aidées (60% des entreprises qui en font la demande), plus de 3 milliards d’euros de financement accordés et 220 000 emplois préservés.

Quelles leçons retenir du mécanisme de la médiation du crédit ?

Le recours à la médiation est gratuit pour les entreprises. De ce fait le chef d’entreprise en délicatesse avec son banquier n’hésite pas à saisir la médiation (via Internet) pour obtenir une nouvelle négociation.

La médiation fait appel à des experts. Les médiateurs qui sont des experts de la Banque de France pilotés par leurs directeurs régionaux indiquent aux entreprises comment construire leurs argumentaires en mettant en avant les véritables atouts de leurs entreprises et les prévisions les plus précises. Ces experts ont une approche très réaliste des performances des entreprises car ils disposent d’une grande visibilité sur les entreprises, les dirigeants et les secteurs économiques.

Les banques sont confortées par la médiation. Les analystes des banques et les directeurs des engagements ont appris par la médiation à mieux identifier les véritables objectifs de leurs clients. Les dirigeants des banques estiment  aussi  que la médiation apporte à leurs équipes une émulation dans la recherche des  bonnes pratiques pour devenir encore plus performant sur le plan professionnel.

L’accompagnement des entreprises est gratuit. La médiation, avec son réseau de tiers de confiance, accompagne bénévolement les chefs d’entreprises  pendant et après celle-ci.

L’analyse financière réalisée par les banques n’est plus adaptée.

La médiation et les experts qu’elle fait intervenir, montrent que l’analyse financière telle qu’elle se pratique aujourd’hui dans les banques doit évoluer. La logique d’industrialisation des décisions d’engagement des banques, liée à des objectifs de rentabilité et de traitement des volumes, n’est plus la bonne. Il faut individualiser le traitement des demandes de financement et faire passer au second plan l’approche patrimoniale. Les décisions ne doivent plus être prises uniquement sur les « symptômes » mis en évidence lors du calcul des ratios et lors de l’analyse des bilans, car ceux-ci  ne traduisent que les conséquences de la gestion de l’entreprise. L’analyste doit donc s’intéresser aux causes qui conduisent l’entreprise à sa situation actuelle et apprécier leur degré de gravité pour prendre sa décision.

L’analyse doit devenir plus globale.

Les analystes des banques doivent revenir aux fondamentaux de l’analyse financière et savoir prendre des risques pour être rémunérés en conséquence, tout en respectant les critères prudentiels bien évidemment. Souvenons- nous qu’une entreprise ce sont des hommes, un marché et des produits et que sa finalité est de faire du profit. L’analyse doit donc à nouveau porter sur la rentabilité, dans un contexte d’étude du marché et de son évolution, en s’attachant à observer que les investissements réalisés concourent bien à la profitabilité, tout comme les dépenses en formation, en recherche et le management des hommes. Ensuite l’analyse des paramètres liés à la génération de la trésorerie indiquera les besoins financiers réels, à condition que tous les processus de gestion soient bien optimisés.