Les autorités hexagonales en charge de la stabilité financière demandent aux banques de mettre davantage de fonds propres en face de leurs prêts. Une façon de s’assurer que le robinet du crédit restera ouvert en cas de gros temps.
Les banques françaises ne digèrent pas le dernier tour de vis décidé à Bercy. Lundi, le Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF) s’est attiré leurs foudres en leur demandant de mettre plus de fonds propres en face de leurs crédits aux entreprises et aux ménages français.

« Les banques françaises ne comprennent pas cette décision, qui n’est pas cohérente avec la politique monétaire de la Banque centrale européenne, qui soutient le financement de l’économie grâce à la distribution de liquidités sur les marchés à des taux particulièrement bas », a réagi la Fédération Bancaire Française (FBF).

Dans le détail, le conseil a décidé de relever pour la deuxième fois en quelques mois le taux du dit « coussin de fonds propres bancaires contracyclique ».  Fixé à 0,25 % depuis l’été dernier, il est désormais porté à 0,50 % des actifs pondérés par les risques sur les expositions françaises. Les banques auront jusqu’au mois d’avril 2020 pour s’adapter.

Pas d’effet attendu sur l’octroi de crédit
La décision du HCSF n’est pas une surprise,  au regard des dernières déclarations du gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau . Elle est prise en réaction à la forte croissance du crédit. A l’heure où  les taux des crédits immobiliers sont au plancher, le stock des crédits aux ménages a progressé de 5,5 % sur un an en janvier. Le crédit bancaire aux PME a quant à lui enregistré dans le même temps une croissance de 6,3 %. De quoi porter l’endettement du secteur privé non financier au-dessus de ce qui est constaté dans d’autres pays européens, à plus de 133 % du PIB l’année dernière.

Pas question pour autant de forcer les banques à un coup de frein. « Nous n’attendons pas d’effet visible sur l’octroi de crédit, sachant que ce n’est pas la logique de cet instrument », insiste une source proche du HCSF. L’idée de ce dispositif est de forcer les banques à faire des réserves par beau temps. De cette façon, les autorités peuvent relâcher la pression en cas de retournement de la situation et s’assurer que le robinet du crédit reste ouvert, notamment pour les PME.

Les autorités prêtes à faire rapidement marche arrière
Le conseil insiste cependant sur le fait que le niveau de 0,50 % est « adapté aux circonstances actuelles » et qu’il relâchera son exigence avec « application immédiate » en cas de « retournement du cycle financier ». Par ailleurs, « il n’est pas considéré sur la base des éléments que nous avons que cela amènerait des banques à devoir aller chercher du capital », indique-t-on du côté du HCSF.

Solenn Poullennec
Source : Les ECHOS