Le crédit bancaire progresse bien plus vite que le PIB. Un signe de reprise ?

La crainte du « credit crunch » n’est plus qu’un mauvais souvenir en France. Les dernières statistiques démontrent que la France fait cavalier seul en Europe : les encours aux entreprises progressent de 2,8 % en octobre (sur douze mois), ce qui va trois fois plus vite que le PIB. Sur les dix dernières années, celui-ci a progressé de 40 %, tandis que la dette bancaire a doublé en France.

Ceci remet en cause les idées reçues sur des banques qui – étranglées par les ratios de liquidité et de solvabilité – auraient restreint leur offre de crédit. On peut le dire aujourd’hui : après les « stress tests » des banques, il n’en est rien. On constate plutôt une offre proactive de leur part aux entreprises, avec notamment la déclinaison française des facilités de la Banque centrale européenne. Celle-ci injecte des moyens quasi illimités sur quatre ans (TLTRO), mais proportionnels aux encours faits à l’économie, afin d’éviter une stérilisation de ces fonds.

Serait-on sorti de la « trappe à la liquidité » chère à Keynes ? Cela semble en tout cas une très bonne nouvelle pour les entreprises qui paraissent avoir compris que les taux de crédit effectifs moyens (1,78 % pour les crédits supérieurs à 1 million d’euros, et 2,78 % en dessous), en baisse de 25 points de base sur un an, constituent un levier puissant pour développer des projets dans l’entreprise, dont la rentabilité est très supérieure à ce crédit bon marché.

Défauts bancaires faibles

La progression du crédit en France est en outre désormais plus proche de la croissance de la masse monétaire européenne, ce qui prouve que la BCE a enclenché une courroie de transmission vers le réel. Mais cette situation fait-elle courir de nouveaux risques ? En tout cas, rien à voir avec la période d’avant-crise marquée par une bulle de l’endettement. Les défauts bancaires restent négligeables (par exemple 0,3 % des encours chez BNP Paribas).

Il reste que cette croissance du crédit bancaire ne sera vertueuse que si ce n’est pas une substitution à d’autres modes de financement : le marché obligataire, le capital ou les instruments désintermédiés du marché. Si tel était le cas, il s’agirait d’un jeu à somme nulle.

Source : Pierre MONGIN – Les Échos