Les résultats des TPE sont atones. Mais les banques, qui ont récupéré des capacités de prêts, se concentrent sur ces microentreprises.

Les faits refusent parfois de se plier à la théorie. Sur le papier, lorsque l’économie va moins bien, l’activité se contracte et les banques prêtent moins. Mais ce n’est pas ce qui se passe actuellement : malgré une croissance française anémique, les encours de crédit aux entreprises ont encore progressé de 2,1 % à fin août sur un an. Le phénomène est comparable chez les artisans et entrepreneurs individuels pourtant fragilisés par la crise. Selon la Fédération des centres de gestion agréés (FCGA), les TPE ont tourné au ralenti en 2013. Les 287.000 entreprises examinées ont vu leur chiffre d’affaires moyen diminuer de 0,4 % et le résultat ­courant brut moyen se dégrader de 1,1 %. Et pourtant « à fin juin 2014, l’encours des crédits aux microentreprises s’élève à 230 milliards d’euros, en augmentation de 2,4 % par rapport à fin juin 2013 », indique une étude récente de la Banque de France.

Comment expliquer ce paradoxe ? Première indication, une bonne part de la croissance des encours est due à des crédits immobiliers, qui progressent plus vite que les « purs » investissements destinés à développer l’entreprise. Priorité est donc donnée à une dépense contrainte. De fait, au sein même des prêts d’investissement, les entrepreneurs financent le renouvellement de machines ou de stocks, plus que de réels projets d’expansion. Face à cette demande, les ­banques semblent au rendez-vous. D’autant que les grandes entreprises s’étant plutôt tournées vers les marchés pour se financer ces derniers mois, celles-ci ont récupéré des capacités de prêt qu’elles ont pu ­concentrer sur les PME et TPE.

Des outils pour apprécier finement le risque

Un autre argument semble jouer en faveur du crédit : les banques s’appuient sur la cotation de la Banque de France, permettant d’apprécier plus finement le niveau de risque des entreprises au cas par cas. Le problème c’est que ce système ne s’applique qu’aux entreprises réalisant au moins 750.000 euros de chiffre d’affaires, excluant de fait bon nombre de petites entreprises. « Certains cabinets indépendants analysent les TPE, mais avec parfois un biais sectoriel prononcé. Si l’entreprise en recherche de financement n’a pas de relation de proximité avec son banquier, le risque est que le secteur devienne un critère prépondérant », relève Yves Marmont, vice-président secrétaire de la FCGA.

Un écueil que les banques s’efforcent d’éviter en identifiant les dossiers les plus qualitatifs, indépendamment de leur secteur. Exemple de cette politique, la Société Générale et son partenariat de longue date avec les Meilleurs Ouvriers de France. Elle proposera à partir de la mi-novembre des prêts à taux préférentiel pour les candidats au concours Un des Meilleurs Apprentis de France.

Source : Les Échos – Édouard LEDERER