Revue de Presse – Les Echos – 23.05.14 “Les patrons ne voient aucune reprise”

Le moral des chefs d’entreprise stagne sous sa moyenne de long terme.
La probabilité que la croissance atteigne 1 % cette année diminue encore.

François Hollande va devoir se faire une raison : le « retournement » tant espéré attendra. Le moral des patrons a encore stagné au mois de mai, l’indice synthétique plafonnant à 94 points, 6 points en dessous de sa moyenne de long terme, a annoncé hier l’Insee. Depuis septembre 2013, le climat des affaires ne s’est pas amélioré alors que, en période de reprise, il aurait dû logiquement être orienté à la hausse.

Après l’annonce la semaine dernière d’une croissance nulle au premier trimestre, ce n’est pas une bonne nouvelle pour l’économie française. Car les chefs d’entreprise de l’industrie sont même un peu plus pessimistes que le mois dernier, alors que ce secteur, fortement exportateur et censé profiter de la reprise en zone euro, tirait la confiance des milieux d’affaires à la hausse depuis quelques mois. « Tant les carnets de commandes globaux que les carnets étrangers se dégradent et une majorité d’industriels les considèrent inférieurs à la normale », note l’Insee. « La séquence du pacte de responsabilité, qui a pu un temps rassurer les chefs d’entreprise semble désormais terminée », estime Christopher Dembik, de Saxo Banque. Or, seul le retour de la confiance peut enclencher le cercle vertueux de la reprise.

« Reprise engluée »

Une autre enquête, publiée par l’institut Markit hier, jugée moins fiable que celle de l’Insee, tend à montrer que la situation économique reste extrêmement fragile. L’indice PMI a ainsi reculé en mai à 49,3 points, un plus bas depuis trois mois. « La solide croissance de l’activité allemande contraste, une fois encore, avec les performances décevantes de la France », soulignent les économistes de Markit. « L’accélération de la baisse des nouvelles affaires et du recul de l’emploi illustre la persistance du malaise économique, celui-ci rendant fort peu probable l’installation d’une reprise véritable au cours des prochains mois », selon Jack Kennedy de Markit. L’Hexagone « suscite les principales inquiétudes » dans la zone euro et justifie, selon lui, son appellation d’ « homme malade de l’Europe ».

Pour les économistes de BNP Paribas, « ces résultats, s’ils ne remettent pas en cause le léger rebond de croissance attendu au deuxième trimestre, continuent de renvoyer l’image d’une reprise engluée. Les effets positifs des mesures de relance de l’offre et de l’orientation plus favorable de la croissance dans les pays développés tardent à se faire sentir et à l’emporter sur les freins à la reprise, qui restent puissants, tels que la défiance ambiante, une compétitivité dégradée, un taux de chômage élevé ou encore la rigueur budgétaire ». La probabilité que la croissance atteigne 1 % en 2014, comme le prévoit le gouvernement, se réduit un peu plus.

Source : Les Échos – Guillaume de Calignon