Un amendement à la loi Macron propose de ressusciter ces Bourses.
Un moyen de financer les PME et les infrastructures régionales.

Plus de quinze ans après leur disparition, les Bourses régionales vont-elles renaître de leurs cendres ? Le gouvernement paraît en tout cas prêt à encourager de telles initiatives, susceptibles de booster le financement des PME dans les régions. Mi-janvier, lors des premières discussions à l’Assemblée de la loi croissance et activité, il a donné son feu vert à un amendement du député-maire UDI de Neuilly, Jean-Christophe Fromantin, prévoyant que le gouvernement publie, dans un délai de trois mois après l’adoption de la loi, un rapport sur la création de « plates-formes de cotation régionales ou Bourses régionales dans chaque métropole régionale afin de fournir un outil de circuits courts de financement ». Un essai qui pourrait être transformé lors de la discussion en séance de la loi Macron dans les prochains jours. L’amendement propose de créer « un outil de circuits courts de financement régional en actions ou en obligations et de mutualiser des emprunts, notamment en partenariat avec l’Agence France locale ». L’animation de ces Bourses serait confiée aux collectivités, à la Caisse des Dépôts et à bpifrance, l’Autorité des marchés financiers assurant, elle, la régulation.

Jean-Christophe Fromantin croit fermement à l’utilité d’une telle démarche. « Avec la création de grandes régions économiquement puissantes et la baisse des dotations d’Etat aux collectivités, nous devons récréer des boucles locales de financement. Aujourd’hui, dans chaque région, près de 300 milliards d’épargne pourraient être mobilisés sur des PME-ETI et la création d’infrastructures régionales, au lieu de partir vers les fonds souverains étrangers ou l’assurance-vie », souligne-t-il. La renaissance de ces Bourses se veut une bouffée d’oxygène pour les PME et les collectivités, à la peine du fait des nouvelles règles de crédit bancaire (Bâle III). D’autant que certains experts parient sur une remontée des taux d’intérêt.

Les PME seront-elles partantes ? Un certain nombre d’entreprises familiales hésitent à ouvrir leur capital ou même à publier leurs comptes avec la régularité demandée par une cotation. D’autant que les règles de contrôle pour s’introduire en Bourse sont plus exigeantes que pour du simple appel aux dons, type « crowdfunding ». « Il faudra peut-être, pour certaines, un peu d’acculturation boursière. Mais beaucoup de PME sont prêtes et ont de réels besoins de financement », assure Philippe Dardier, le patron d’Alternativa, opérateur boursier spécialisé dans les PME qui gère la nouvelle Bourse de Lyon.

« Il y a un capital de confiance »

« Je suis partant. Cela ne me fait pas peur d’ouvrir mon capital et de montrer mes comptes. C’est un outil de financement qui garantit mon indépendance. Et j’ai cru comprendre qu’il y avait des règles strictes, comme une cotation qui ne variera pas de plus de 15 % de sa valeur », témoigne ainsi Jean-Frédéric Geolier, le patron de Mille et Un Repas, une entreprise de restauration collective lyonnaise (600 collaborateurs, 35 millions d’euros de chiffre d’affaires). Reste à savoir si les particuliers joueront aussi le jeu. Ces dernières années, les emprunts obligataires lancés par les régions Pays de la Loire et Auvergne ont rencontré un réel succès. Et des initiatives participatives locales du type Kiosk to Invest ont vu le jour. « Il y a un capital de confiance, une envie d’investir dans les entreprises locales, là ou sont les emplois. Il faut l’exploiter. Mais pour cela il faut en finir avec le système financier actuel, qui est hypercentralisé », affirme Jean-Christophe Fromantin. Une analyse partagée par Philippe Dardier.

C’est d’ailleurs ce mouvement de recentralisation financière qui avait conduit à la fermeture des Bourses régionales en 1991. « On a eu raison de les fermer car elles étaient devenues un lieu de rencontre et non un marché accessible où trouver des financements et de la liquidité. Mais là, c’est une version 2.0 : le digital permet de simplifier l’aspect réglementaire et coûte moins cher », argue Philippe Dardier. Alternativa envisage d’ailleurs de se porter candidat à l’appel d’offres si le projet aboutit.

Source : Les Échos – Laurence Albert