Les provisions pour risque d’impayés ont reculé très significativement dans la plupart des établissements français.

Un coût du risque en recul de 23 % au Crédit Mutuel, de 13 % chez BPCE, de 25 % au Crédit Agricole et à la Société Générale… Et même de 86 % dans la Caisse régionale de Crédit Agricole Ile-de-France, du jamais- vu ! Alors que l’Hexagone évolue depuis 2008 dans un environnement économique récessif, la plupart des grandes banques françaises ont affiché en 2014 un niveau de provisions pour risque d’impayés en chute libre. Ce qui a largement contribué à ce que les établissements affichent des résultats de bonne tenue. Le recul très fort du coût du risque a permis de compenser la stagnation des revenus et la progression des frais, tirés notamment par la hausse des taxes.

Beaucoup de provisions en 2013

Mais comment expliquer le paradoxe d’une baisse des provisions pour crédits douteux ou contentieux, dans une économie morose ? « Toutes les banques avaient beaucoup provisionné en 2013 dans la perspective de l’AQR [l’audit des banques orchestré par la Banque centrale européenne]  », explique Alain Fradin, directeur général de la Caisse fédérale de Crédit Mutuel (CFCM). Or les établissements français se sont révélés de bons élèves lors de ces tests. Entre provisions anticipées et reprises de provisions, l’année 2014 s’est donc présentée sous de bons auspices.

Les banques profitent également d’un effet « lissage » depuis qu’elles ont dû adopter un système de provisions collectives, calculées sur la base de modèles informatisés, qu’un banquier de la place qualifie de « contra-cyclique ». « Le processus de provisions collectives, instauré il y a quelques années, commence à se stabiliser, renchérit Alain Fradin. Nous avons ainsi constitué des matelas. Et quand un crédit passe de sain à douteux, l’effet est moins fort qu’avant. »

Les entreprises font le dos rond

Les banques expliquent aussi la baisse du coût du risque par la résilience des entreprises françaises. Par comparaison avec la dépression des années 1990, « les entreprises sont entrées dans la crise beaucoup moins endettées, elles se sont très vite organisées pour ne pas être dépendantes en matière de liquidités et elles ont adapté leurs charges dès le début de la crise, a analysé, lors de la présentation des résultats annuels de sa caisse, Pascal Célérier, le directeur général du Crédit Agricole Ile-de-France. On ne constate donc pas de difficultés du côté du “corporate”, alors que le tissu socio-économique de notre pays souffre. » Les entreprises font le dos rond, s’endettent peu, investissent peu. « Ces rationalités individuelles conduisent à une irrationalité collective : c’est ainsi que la croissance ne reprend pas », regrette un banquier.

Source : Les Échos – Veronique Chocron