Le manque de visibilité sur les PME explique pourquoi le financement sans les banques n’est pas si facile.

Entre les PME qui cherchent à se financer sans les banques et les investisseurs en quête de rendement, cela pourrait coller. Surtout depuis que les assureurs ont été autorisés mi-2013 à placer leurs réserves dans des prêts à l’économie. Ce n’est pourtant pas le cas. La raison principale est que les PME manquent de visibilité : l’analyse crédit essentielle à tout investissement fait défaut sur ce créneau.

Combler un vide

Du coup, depuis peu, quelques initiatives ont été lancées pour tenter de combler ce vide. La grande agence de notation américaine Standard & Poor’s s’est mise en 2013 à la notation des grandes ETI. Elle analyse la qualité de crédit des entreprises dont le chiffre d’affaires est compris entre 500 millions et 1,5 milliard d’euros, et dont la dette n’excède pas 500 millions d’euros. Pour ce, elle a repensé une échelle propre aux entreprises de taille moyenne pour qu’elles ne soient comparées qu’entre elles.

Autre agence de notation sur ce créneau, le berlinois Scope Ratings, fondé en 2002 par Florian Schoeller et détenu par l’une des plus anciennes dynasties industrielles d’Allemagne, a étendu son périmètre d’activité. Elle s’est illustrée en France en notant le promoteur immobilier Capelli, fin 2012. Ce dernier a réalisé la première IBO (Initial Bound Offering : émission d’obligations sur le mode d’une introduction en Bourse) proposée aux PME par Nyse Euronext. En 2013, Spread Research, le cabinet d’analyse indépendant lyonnais, a obtenu l’agrément de l’Esma, le régulateur européen des marchés.

Obtenir l’agrément du régulateur boursier européen n’est pas aisé. Les contraintes réglementaires sont élevées. ID Mid Caps, qui a tenté, en s’appuyant sur sa base de données actions, de développer une méthodologie permettant de mesurer le risque de crédit des PME et ETI et de lancer une agence de notation (NotaBene), est au point mort.

Reste une dernière possibilité, pour éviter ce parcours du combattant, les investisseurs peuvent se doter en interne de services d’analyse crédit. Si ce service était mutualisé, son coût serait abordable.

Source : Laurence Boisseau – Les Échos