S’il n’y a pas eu d’effondrement du crédit, reste que les PME sont aujourd’hui confrontées à deux problèmes : le financement de leur trésorerie et les délais de paiement. Pour y faire face, un rapport du Conseil d’analyse économique (CAE) sur le financement des PME préconisait de diversifier les sources de financement des entreprises. Concernant les délais de paiement, c’est la piste de l’affacturage inversé (reverse factoring) qui est avancée. Concrètement, ce type d’affacturage sécurise les paiements à date des créances et sécurise les TPE-PME sous-traitantes : c’est la grande entreprise qui s’engage à payer immédiatement ses factures via la société d’affacturage, et non à la PME fournisseur d’effectuer ces démarches pour être réglée.

Mais plus globalement, c’est l’affacturage qui peut être une piste pour soulager la trésorerie des PME. Pour rappel, l’affacturage correspond à une solution de financement qui permet à une entreprise d’externaliser la gestion de son poste clients. Concrètement, elle cède ses créances à un tiers, le « factor », qui prend en charge leur recouvrement. Actuellement, l’affacturage est utilisé par 40.000 entreprises avec un encours de 30 à 32 milliards d’euros, selon les données de l’Association française des sociétés financières (ASF). Ce qui en fait la seconde solution de financement court terme derrière le découvert. « L’affacturage n’est pas un simple crédit à blanc, souligne, à l’occasion des Rencontres parlementaires sur le financement des TPE-PME, de l’Association française des sociétés financières, Patrick de Villepin, président de BNP Paribas Factor. Il faut le voir comme un crédit sécurisé, avec des garanties contre les impayés et l’externalisation de la gestion de la relance, du recouvrement, etc. »

Afin d’aller plus loin, l’ASF avance des propositions. Par exemple, développer l’offre en direction des TPE et PME en apportant 2 milliards d’euros supplémentaires en affacturage sur cette cible d’entreprise. Plus innovant, l’ASF souhaite intégrer l’affacturage dans la commande publique : « Par exemple, en intégrant une option d’affacturage dans les appels d’offres publics », détaille Patrice Coulon (GE Capital France). L’idée serait également de favoriser l’accès à l’affacturage de certains secteurs comme le BTP, l’industrie, les nouvelles technologies et le numérique, soumis à des conditions particulières de facturation, par la création d’un Fonds spécial avec bpifrance.

Des propositions qui semblent recueillir un accueil favorable, notamment du côté du Centre des Jeunes Dirigeants. « Ces propositions sont pour moi une avancée », souligne de son côté Bernard Cohen-Hadad (CGPME), qui appelle toutefois les professionnels du secteur à ne pas oublier d’inclure dans leur champ d’intervention l’innovation sociale.

Haro sur les délais de paiement

Si l’affacturage semble donc une bonne piste, reste que les TPE et PME souffrent cruellement des délais de paiement non respectés. « Un quart des entreprises françaises qui font faillite le font de n’avoir pas été payées », rappelle ainsi Françoise Palle-Guillabert, déléguée général de l’ASF. Certes, la loi est là, avec même des délais de paiement réduits à 30 jours pour les collectivités publiques. Mais sont-ils vraiment respectés ? Sur le terrain, la question fait sourire. Et fait même figure d’axe de travail prioritaire pour CroissancePlus qui pointe le sujet parmi ses propositions pour relancer l’e?conomie. L’association d’entrepreneurs de croissance propose ainsi de réduire les de?lais de paiement de 60 a? 30 jours en arguant qu’il « n’est en effet plus acceptable que des grands groupes qui dominent leur marche? imposent de lourdes contraintes financie?res aux jeunes entreprises sous-traitantes. Notre système économique, pas toujours favorable aux PME, se révèle sclérosé par des situations de rente de fait ! » Ca va mieux en le disant !

Source : Les Échos – Valérie TALMON