Le nombre de procédures judiciaires a reculé de 0,8 % l’an passé. L’amélioration sera ténue en 2015, malgré la chute du prix du pétrole.

Difficile de parler de franche amélioration. L’économie française a plutôt évité le pire l’an passé. Le nombre de défaillances d’entreprises a reculé de 0,8 % en 2014 par rapport à l’année précédente, selon le décompte effectué par la société Altares. Ce qui permet à l’Hexagone de passer sous la barre des 63.000 défaillances, avec 62.586 faillites, redressements et liquidations judiciaires et procédures de sauvegarde. Toutefois, ce chiffre reste supérieur à celui enregistré en 2012. Et « 2013 était une année quasi record », rappelle Thierry Millon, directeur des études chez Altares. Ces défaillances mettent en danger 244.400 emplois. Là encore, c’est un peu moins que l’année précédente.

Les défaillances en 2014 ont surtout touché de très petites entreprises. Les procédures judiciaires pour les entreprises de un ou deux salariés ont bondi de 18 % l’an passé. « La fermeture de ces entreprises de proximité, très nombreuses et présentes sur tout le territoire, a donné le sentiment que toute l’économie française était à genoux », admet le dirigeant d’Altares. Pourtant, il existe une lueur d’espoir : si en 2012 et 2013, plus de 5.000 PME de plus de 10 salariés avaient connu une défaillance, elles sont moins de 4.600 à avoir été placées en redressement ou en liquidation judiciaire l’an dernier. Ce chiffre est le plus bas enregistré depuis 2008. Parmi celles-ci, les défaillances de PME de plus de 50 salariés ont même reculé de 20 % en 2014. « Les clignotants sont passés au vert dans certaines activités », explique Thierry Millon.

« De l’inquiétude à la prudence »

Ainsi, en 2014, l’industrie manufacturière a connu 2.850 défaillances, un chiffre en baisse de 4,5 % par rapport à l’année précédente et qui est au plus bas sur les dix dernières années. Dans l’agroalimentaire, les services aux entreprises, les transports ou encore le secteur de l’information et de la communication, le nombre de procédures judiciaires est aussi en net recul. Même dans le commerce de détail, a priori touché par l’atonie de la consommation des Français, les procédures ont baissé. Et sur les trois derniers mois de 2014, globalement, les défaillances ont chuté de 5 %.

De quoi espérer une décrue en 2015 ? Pas sûr. « Il y a des signaux encourageants mais le sentiment qui domine est que l’embellie reste fragile », selon l’expert d’Altares. « L’hypothèse de croissance cette année pour la France est de l’ordre de 0,9 %, c’est-à-dire deux fois plus élevée que celle enregistrée en 2014. La baisse du prix du pétrole va redonner du pouvoir d’achat et peut-être entraîner des décisions d’achats, qui jusqu’ici étaient différées par les ménages. Mais ce ne sera pas suffisant pour relâcher la pression sur les trésoreries des TPE. Celles-ci ont encore quelques mois sombres devant elles », prédit Thierry Millon. « Et du côté des entreprises, rien ne permet d’espérer une reprise de l’investissement au premier semestre. C’est un point de blocage », ajoute-t-il. Bref, « pour les chefs d’entreprise, le curseur a bougé de l’inquiétude à la prudence. Reste à passer à l’optimisme », résume Thierry Millon, qui craint « que le nombre de défaillances reste encore légèrement au-dessus de 60.000 en 2015 ».

Source : Guillaume De Calignon – Les Échos